Son histoire est  parfaitement résumée par Alain Peyrefitte :

 Je réunis régulièrement dans mon bureau le « Comité H ».
Je sens qu’ils butent. D’une séance à l’autre, ils n’avancent pas. Chacun des scientifiques qui manie la craie sur le tableau noir me parait enfermé dans sa spécialité. L’histoire des sciences m’a appris que la plupart des découvertes ont été faites en regardant par-dessus le mur du voisin, par des intelligences fraîches, aptes à ne pas se laisser emprisonner par les idées dominantes.
J’ai conté ailleurs comment j’ai demandé à l’un de mes conseilles scientifiques d’essayer de dénicher l’home de synthèse, l’esprit vierge, qui nous manquait ; comment il le découvre en Robert Dautray ; comment j’ai été séduit par ce garçon exceptionnel qui, obligé pendant la guerre, où ses parents avaient été déportés à Auschwitz, de se réfugier comme berger dans les Causses, avait été assez doué pour se préparer au bachot tout en gardant ses moutons, puis être reçu premier, d’abord aux Arts et Métiers, ensuite à Polytechnique ; comment je l’ai fait nommer directeur scientifique de la Direction des applications militaires ; comment l’introduction de cet élément extérieur dans l’équipe de Limeil, bouleversant les chasses gardées et les situations acquises, a provoqué des drames.

Dans un entretien avec Ouest France.fr, il précise que travailler sur « la bombe de la France » ne lui a pas posé de cas de conscience. Il n'a jamais oublié la Shoah, les six millions de victimes, ces camps de la mort, alliance, dit-il, de l'industrie et de la science vouée à la destruction en masse d'êtres humains. « Leur non-violence les a menés à la mort. L'être humain est obligé de se défendre, mais il est aussi appelé à pardonner. Pas de paix sans pardon. » Et il ajoute : « Le pardon, oui, pour ceux qui sont encore là et qui le peuvent. En ce qui me concerne, je le peux toujours. »


Sources :

  • Ouest France.fr
  • C'était de Gaulle (A.Peyrefitte)

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