Il n’y a pas que le PIB dans la vie
Par RST le dimanche, 24 mai 2009, 19:27 - Macroéconomie - Lien permanent
A moins d’avoir passé les dernières années sur la lune, il y a peu de chances que vous n’ayez pas entendu parler du PIB, cet acronyme fameux qui désigne le produit intérieur brut. La mesure du PIB, et surtout de son taux de variation, font les délices de tous ceux pour qui, la croissance et sa mesure, sont affaire de vie ou de mort pour l’humanité toute entière. Mais avez-vous entendu parler du PNB ? Et du PIN ? Du PNN ?
La question n’a pas qu’une valeur
anecdotique, et la réponse ne servira pas uniquement à briller en société ou
lors d’une participation éventuelle à "Questions pour un champion". Le
PNB par exemple, était largement utilisé par les économistes jusque très
récemment et on le rencontre encore dans un certain nombre d’ouvrage traitant
d’histoire économique. J’ai donc été naturellement amené, dans le cadre de ma
formation en autodidacte aux joies de l’économie, à m’intéresser aux
définitions de ces différentes grandeurs. Et pour faire en sorte qu’elles ne
s’effacent pas de mon cerveau lent dès que j’aurai refermé mes livres, j’en ai
fait un article.
Le produit intérieur brut (PIB)
correspond à la valeur qui est ajoutée sur le territoire national. Le produit
national brut (PNB) correspond à la valeur qui est ajoutée par des facteurs de
production nationaux. Le PNB est égal au PIB plus les revenus nets des facteurs
versés par le reste du monde (versements du reste du monde moins versement au
reste du monde).
Vous n’y comprenez rien ?
C’est normal (enfin je crois), cela m’a fait le même effet la première fois.
Essayons donc de reformuler de façon plus compréhensible en se posant une
question simple : quelle est la différence entre le PNB et le PIB ?
Et bien le PNB est le montant produit avec le travail et le capital possédés
par les résidents du pays, alors que le PIB est le montant produit avec le
travail et le capital localisés dans le pays. C’est plus clair
maintenant ? Pas totalement ? Un exemple va définitivement remédier à
la confusion qui demeure peut-être encore. Cet exemple, c’est le Koweït. Si
dans la plupart des pays, la différence entre
PIB et le PNB est en réalité petite, pour la monarchie pétrolière, ce
n’est pas le cas. Quand le pétrole a été découvert, le gouvernement du Koweït a
décidé d’épargner une partie des revenus du pétrole, pour investir à l’étranger
afin de garantir aux futures générations de Koweïtiens les revenus de ce
placement. Par conséquent, le Koweït, qui a accumulé beaucoup d’actifs
étrangers, reçoit maintenant d’importants revenus du reste du monde, qui se
retrouvent donc dans le PNB.
Le tableau ci-dessous illustre ce phénomène et matérialise l’écart important entre PIB et PNB pour le Koweït (toutes les valeurs sont en millions de dinars). Les chiffres ne sont pas récents mais cela ne change rien au principe que nous voulions expliciter.
Année |
PIB |
PNB |
1989 |
7143 |
9616 |
1990 |
5328 |
7560 |
1991 |
3131 |
4669 |
1992 |
5826 |
7364 |
1993 |
7231 |
8314 |
1994 |
7380 |
8207 |
Une question m’est venue à l’esprit : y a t il des pays pour lesquels le PIB est supérieur au PNB ? Cela signifierait, si j’ai bien assimilé toutes ces notions, qu’une grosse partie de la richesse produite dans ce pays le serait avec des capitaux étrangers et, de fait, ne bénéficierait pas nécessairement à ses habitants. Je n’ai pas la réponse à cette question mais j’espère bien qu’un commentateur avisé me l’apportera.
Après le PIB et le PNB, parlons un peu du produit intérieur net, le PIN. Bien que souvent considéré comme une mesure plus correcte du produit intérieur d’un pays, il est rarement utilisé par les économistes et les journalistes car son calcul présente quelques difficultés. Le PIN est obtenu en retranchant au PIB la dépréciation ou consommation de capital fixe. C’est la difficulté de mesurer précisément la dépréciation qui entraîne l’utilisation très limitée de la notion de PIN. L’inconvénient d’inclure la dépréciation, et par conséquent, l’intérêt théorique du PIN est expliqué dans cet article, dont je vous propose un extrait instructif :
"La portion de la dépense d’investissement qui est utilisée pour remplacer le matériel usagé ou obsolète — la dépréciation — bien qu’essentielle au maintien du niveau de production, n’accroît aucunement les capacités de l’économie. Si le PIB augmentait simplement du fait que plus d’argent est dépensé pour maintenir le stock de capital à cause d’une dépréciation accrue, cela ne signifierait pas que qui que ce soit s’est enrichi. Il n’y aurait pas davantage de ressources disponibles pour la consommation. Il n’y aurait pas non plus davantage de production disponible pour l’avenir, parce que la taille du stock de capital n’aurait pas augmenté. Dans un tel scénario, étant donné que l’équipement s’use plus rapidement, il faut courir plus vite pour simplement rester sur place. L’économie doit consacrer chaque année davantage de ressources pour remplacer le matériel usagé et obsolète, uniquement pour maintenir intact le stock de capital. Les ressources supplémentaires utilisées pour remplacer cet équipement sont inscrites dans les comptes nationaux, mais cela ne signifie pas que quiconque s’est enrichi."
Comme je ne suis pas sadique, je
vous ferai grâce du PNN dont vous trouverez la définition dans l’article donné
en lien ci-dessus. Mais je suis sûr que, après tout ce qui précède, vous avez
devinez ce qu’il représente …
Sources :
- Macroéconomie – Olivier Blanchard et Daniel Cohen – (Pearson Education)
- Economie – Paul A. Samuelson et William D. Nordhaus – (Economica)
- Pourquoi le produit intérieur net devrait remplacer le produit intérieur brut comme mesure de la croissance économique – Roland Spant – (Confédération des employés professionnels, Suède)