Ce sentiment ne dure hélas pas longtemps, car les interrogations, récentes ou plus anciennes, surgissent rapidement, replongeant mon cerveau dans un abime de perplexité qui, d’une certaine manière, m’est devenu familier depuis que j’ai vaillamment entrepris de maitriser les phénomènes monétaires. C’est quand je crois avoir tout compris que je me repose soudainement les questions les plus élémentaires ! Mais ce n’est pas bien grave, je progresse – enfin je crois – et cela m’encourage à continuer,  tant que mes neurones acceptent de faire quelques étincelles.

Voici donc ce fameux graphique qui m’excite tant (chacun ses perversions !)

 

En fait, je me suis permis de modifier légèrement le dessin original pour essayer de rendre à l’échelle, le rapport de proportion entre la Base monétaire (monnaie Banque Centrale) et l’agrégat M1, la monnaie en circulation qui sert aux transactions. Ce rapport, que l’on appelle le multiplicateur monétaire, est actuellement d’environ 3,6 (4 138 / 1 138). Cela signifie en clair que les banques commerciales génèrent 3 600 euros à partir de 1 000 euros de monnaie banque centrale. Ces chiffres n’apportent-ils pas un démenti indiscutable et définitif aux charlots à ceux qui nient le phénomène de création monétaire par les banques commerciales ?

Et ce n’est pas l’apparente erreur d’addition (3417 + 740 = 4 138 4 157) qui devrait remettre en cause la théorie. On supposera une fôte faute de frappe. Et puis sommes-nous vraiment à 20 milliards d’euros près ? Mais comme je suis du genre têtu et que je n’espère pas vraiment recevoir une réponse au mail que j’ai envoyé à Natixis, j’ai essayé de trouver par moi-même où était l’erreur.

Dans un des tableaux incompréhensibles de la BCE, j’ai trouvé le nombre 4 138 pour ce qui semble être la valeur de M1 en février 2009. Dans un autre de ces tableaux, j’ai trouvé la valeur de 742 pour le total des pièces et billets en circulation. J’ai abandonné là ma recherche et considéré que , puisque ces  2 premiers montants avaient l’air correct, c’était le troisième qui était faux. Le total des dépôts à vue des IFM (Institutions financières monétaires) doit donc être plus proche de 3 396 que de 3 417.

Ce graphique appelle une autre réflexion de ma part. La seule monnaie ayant une réalité matérielle, parce qu’existant sous forme de pièces et de billets (740 Mds EUR) , représente moins de 18 % de ce qui nous considérons habituellement comme de l’argent à savoir l’agrégat monétaire M1 (4 138 Mds EUR) , c'est-à-dire les montants indiqués sur nos comptes en banque. Le reste, soit quand  même, près  de trois mille quatre cent milliards d’euros, n’est rien d’autre que des nombres dans des mémoires et des écrans d’ordinateurs. Je ne sais pas vous, mais moi cela me donne… le vertige.