C’est très désagréable de savoir qu’on se fait rouler. Cependant, le statut d’une vérité désagréable évolue dans le temps. Au début, c’est une idée rejetée, assimilée à une théorie du complot, de la conspiration. Ensuite, c’est une idée dont on va entraver la propagation car elle est trop dérangeante, trop désagréable. Mais l’idée résiste. N’oubliez pas, c’est une vérité. Elle a donc la peau dure et persiste à cheminer. Au bout de son chemin, cette idée devient un fait accepté comme une évidence. Après, il ne reste plus qu’à agir.

Le monde croule sous les dettes dont la plupart ne correspond à aucune épargne ; ce n’est l’argent de personne. Il s’agit simplement d’argent créé à partir de rien par des banques commerciales qui ont le privilège d’avoir une licence bancaire. Avec un euro de fonds propres, elles peuvent prêter 20 euros, 30 euros, 40 euros selon les réglementations auxquelles on les soumet et leurs propres calculs. Le vocabulaire est distordu pour vous faire croire qu’on parle de vrai argent, mais il n’en est rien. L’accès au crédit est confondu avec le capital adossé à de l’épargne, les crises de solvabilité sont appelées crises de liquidité, etc. Les banques prêtent donc et demandent des intérêts proportionnels au risque de l’emprunteur ; mais cela n’a rien à voir avec leur propre risque qui est nul puisqu’elles prêtent ce qu’elles fabriquent sans aucun mal. Après la crise de 2008, l’endettement public a explosé. Pour sauver le système financier (c’est-à-dire ceux auxquels des gouvernements avaient accordé une licence de création monétaire) les Etats se sont endettés. Ils ont choisi la dette car sinon il aurait fallu lever l’impôt en quantité tellement extraordinaire que les gens se seraient révoltés. La plupart des contribuables auraient refusé d’être taxés à seule fin de conserver leurs rentes à ceux qui touchent des intérêts sur de l’argent qui n’existe pas. Le recours à la dette publique permet d’esquiver le débat démocratique sur l’emploi de l’impôt et donc sa justification.

Aujourd’hui, le cumul de la dette publique montre à l’évidence qu’elle ne pourra jamais être remboursée. Les contribuables n’en ont pas la capacité.Cette dette publique correspond majoritairement à de l’argent qui n’existe pas car une partie est dans les banques et les banques centrales. Je dis majoritairement car il y a malgré tout de l’épargne là-dedans, notamment en France. Ce sont vos livrets A, vos assurances vie en euros et vos dépôts bancaires. Ce cas particulier de la France explique pourquoi notre pays emprunte à un tarif si peu élevé comparé à celui des Etats-Unis. Cependant, les épargnants français étant minoritaires en nombre, il ne sera politiquement pas trop risqué de les dépouiller pour tenter de prolonger le système. C’est d’ailleurs ce que prévoit de faire le FMI avec la taxe Lagarde. Pour le monde politico-financier, l’important n’est plus le remboursement du principal des dettes puisque c’est impossible ; l’essentiel est de garantir le flux des intérêts, sa rente, pour maintenir la fiction que le système est viable. Ce qui nous ramène à notre question initiale : pourquoi payer des intérêts pour maintenir cette fiction ?

En tant qu’individu, épargnant et contribuable, vous avez intérêt à placer votre épargne (le vrai argent) de façon à ce qu’il ne soit en aucun cas confondu avec le faux argent (celui qui est créé par les banques) et hors de portée de la taxe FMI. Vous avez intérêt à ne plus posséder aucune obligation (assurance-vie en euro, livrets A ou de votre banque). Ainsi lorsque la révolte contre les intérêts injustifiés commencera, votre épargne sera moins en danger. Evidemment, l’establishment politico-financier ne va pas vous simplifier la vie. Il ne veut pas de révolte. Pour l’éviter, il faut que vous restiez prisonnier du système financier. La dernière grande idée évoquée par les autorités consiste à rendre le cash (les espèces) illégal. Votre épargne liquide et vos revenus, obligatoirement parqués dans le système bancaire, seraient toujours prêts à être ponctionnés pour pouvoir payer ces intérêts indus. Kenneth Rogoff dans le Financial Times prétend ainsi lutter contre les activités illégales. Comme si les tueurs à gages, les maffieux et les maquereaux allaient cesser toute activité faute de monnaie ! Mais aussi, ces experts ont l’arrogance de nous vanter que cela éliminerait "la limite zéro sur les taux d’intérêt qui menotte les banques centrales depuis la crise financière. A présent, si les banques centrales essaient de fixer des taux trop négatifs, les gens iront se réfugier dans le cash", explique ainsi Kenneth Rogoff. En réalité, ce qui est voulu n’est pas la fin des activités illégales au sens de criminelles ou contraires à la morale ; ce qui est voulu, c’est qu’aucune activité ne puisse échapper à la taxation la plus arbitraire, au paiement de la rente indue, des intérêts de la dette.

Voilà. La boucle est bouclée : sans monnaie autre que numérique ou digitale, plus aucune échappatoire… Mais comme d’habitude, les technocrates omniscients n’auront pas tout prévu et un autre système se mettra en place. Bitcoins, monnaie locale privée…

La monnaie n’est pas une "convention sociale", comme le pensait Platon qui fut keynésien avant l’heure. La monnaie est la garantie de notre liberté de pouvoir dépenser ce que nous avons légitimement acquis comme et quand bon nous semble. Même si le "quand" se situe loin dans le temps. Cette liberté est un droit naturel fondamental qui ne dépend pas des droits nationaux et qui garantit notre propriété. Mais la seule garantie à toute épreuve, c’est la valeur intrinsèque de la monnaie, comme le pensait Aristote.