Car pour les auteurs, Antoine Dumini et François Ruffin, le foot c’était mieux avant. Quand il ressemblait encore à celui que pratique toujours aujourd’hui Ruffin en amateur avec ses potes ou à celui qui dans les années 80, lui a permis de partager des moments d’émotion avec son père lors de ces matchs légendaires que furent France-Allemagne 82 et France-Portugal 84. Mais comment faire la part des choses entre le football phantasmé, d’une certaine manière, et celui bien réel, géré comme une machine à cash ? Une partie de la réponse est donnée dans la dernière émission d’Arrêt sur Image consacrée justement… au football dans laquelle Michel Caillat nous enlève nos dernières illusions comme le rapporte Anne-Sophie Jacques dans le making-of : "(…) le sport est intrinsèquement mauvais. Et non, il n’y a jamais eu d’âge d’or du football. Dès l’origine, le sport est gangréné par l’argent, l’esprit de compétition. Dans les années 30 déjà on remet en question la dérive financière. Le salaire des joueurs. Certes on ne parle pas sponsors et droits télé mais tout est là. Le dopage. Les matchs truqués. Le spectacle." Le débat est ouvert et, en ce qui me concerne, il y a longtemps que j’ai cessé de m’intéresser à ce "sport". 

Mais la vraie question, celle qui aurait mérité un traitement approfondi, au delà du comment on est arrivé là, est de savoir pourquoi on en est arrivé là ? Pourquoi le foot draine-t-il autant d’argent ? La réponse, lapidaire est néanmoins donnée page 92 : "(…) cette économie repose sur une base solide : l’intérêt du public, qui ne s’use pas".  Ce fameux "public" dont la principale caractéristique est d’être mondialisé puisque même à Malacca, au fin fond de la Malaisie, on trouve une boutique consacrée à 100 % aux produits dérivés de Manchester United. En définitive, n’avons-nous pas ce que nous méritons ? Et plutôt que de changer le football, ne serait-ce pas le "public" qu’il faudrait changer ?