On croyait naïvement que deux solutions s’offraient à nous : continuer à marche forcée vers le fédéralisme ou construire l’Europe des nations souveraines. Et bien, il y a une troisième voie. Elle vient juste d’être inventée et, nous prévient-on, « le projet est inédit et, de ce fait, difficile à expliciter ». C’est ainsi que Maxime Parodi – renonçant définitivement à l’adage selon lequel ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément - introduit le document de travail de l’OCDE dont il est l’auteur, intitulé «De la monnaie cosmopolitique », (voir aussi en annexe) qui, tout en flirtant parfois avec l’amphigouri, présente un certain intérêt. Je vous propose le résumé du texte qui vous permettra de vous faire une bonne idée de l’étendue des dégâts :

 « Une monnaie cosmopolitique est une monnaie commune à plusieurs nations et fondée explicitement sur une forme de co-souveraineté. Une telle monnaie n’est possible qu’en acceptant une politique monétaire et des politiques budgétaires et fiscales fondées sur des raisons partagées, où chacun est responsable des engagements monétaires qu’il prend et coresponsable de la capacité de chacun à mener une politique économique adéquate. Pour durer, cette monnaie exige une attention soutenue sur les divergences macroéconomiques entre les partenaires et les difficultés que rencontrent chacun ; elle impose une concertation ouverte sur les raisons de ces divergences et de ces difficultés ; elle nécessite une force de propositions sur les remèdes possibles, à court, moyen et long terme ; enfin, elle exige la coopération volontaire de chacun, à condition toutefois d’en avoir la capacité.

Une telle coopération monétaire repose sur une union cosmopolitique, qui est comme une société toujours en train de se faire mais jamais achevée entre des partenaires conservant leur souveraineté. Une telle union n’écrit pas de contrat social ; elle ne promulgue pas nécessairement de lois ou de traités pour résoudre ses problèmes, même lorsqu’elle est convaincue de la nécessité d’une réponse collective au problème. Face à certains problèmes hautement conflictuels, il n’y aura ainsi pas d’autre choix que d’en passer à chaque fois par le jugement commun des gouvernements cosouverains. Dans ce cas, la seule garantie que peuvent espérer obtenir les partenaires de l’union, c’est que le jugement commun traduira le mieux possible l’esprit de l’union, la volonté de continuer à faire le chemin ensemble. »

Que peut-on dire à ce stade une fois surmontée notre affliction ? Devons-nous faire, comme l’auteur, appel à « l’esprit de l’Union européenne » ? Mais sur quelle planète de bisounours vivent donc ces gens pour imaginer que tout cela va fonctionner en comptant sur la « coopération volontaire de chacun » ? La seule alternative qu’ils ont à nous proposer est donc une « union cosmopolitique » qu’ils qualifient eux-mêmes de « construction politique inachevée ». Cela ressemble furieusement à ce que nous avons actuellement, et ça ne marche pas ! Mais en réalité, tout cela est de notre faute, à nous « les citoyens [qui n’avons pas] une grande expérience – une culture – des différentes formes de crises monétaires et des remèdes que l’on peut envisager.  La monnaie cosmopolitique n’a pas encore suffisamment d’histoire pour qu’une forme de culture éclaire les populations sur les crises qu’ils vivent ». Nous sommes trop cons, c’est bien là le problème ! Heureusement qu’il y a des astrologues  économistes sociologues pour nous éclairer !