Je pense que si j'étais économiste, je serais circuitiste. C’est Ette Rodox, le tenancier du remarquable blog, Des économistes et des Hommes – hélas en sommeil depuis quelque temps maintenant – qui m’a mis la puce à l’oreille. C’est chez lui que j’ai entendu parler pour la première fois de la théorie du circuit. Ce fut une véritable révélation. Certains diront que je suis sensible et qu’il ne m’en faut pas beaucoup pour avoir des chocs émotionnels. Ils auront peut-être raison, mais découvrir que ce que l’on pressentait très confusément est en fait l’objet de toute une théorie très sérieuse, ne peut laisser indifférent. Une petite digression en passant. J’ai déjà eu l’occasion de m’extasier sur la puissance d’Internet et je vais recommencer. En effet, sans cet outil, jamais je n’aurais eu accès aussi facilement et en si peu de temps à toute l’information actuellement disponible et qui permet, après un premier tri nécessaire, d’accéder à de véritables trésors de réflexion et d’intelligence, en dehors des canaux institutionnels habituels.  

Il me reste encore beaucoup d’effort à faire avant de pouvoir appréhender toutes les subtilités de la théorie du circuit, et malgré ma fainéantise naturelle qui m’handicape grandement, j’y travaille. De même, je me suis penché récemment sur le chartalisme grâce notamment au blog Frapper monnaie. J’avoue que je suis loin d’avoir tout compris – l’auteur gagnerait à faire des efforts de rédaction – mais mon instinct me dit que ça vaut le coup de creuser, notamment à cause des similitudes avec la théorie du circuit. Similitudes qui m’ont été confirmées par mon ami Ette Rodox pour qui, je cite : "oui les chartalistes sont très proches en effet des circuitistes. Leur principale différence est de faire comme si la Banque Centrale et l’Etat ne faisaient qu’un, ce qui a l’avantage de considérer que la monnaie appartient à l’Etat et qu’il en fait ce qu’il veut (mais alors l’Etat n’a plus aucune contrainte budgétaire ! ce qui est un peu excessif je trouve, même si ce que nous voulons c’est relâcher en partie la contrainte budgétaire de l’Etat), mais a l’inconvénient de ne pas représenter la réalité et du coup de parler toujours d'une réalité hypothétique qui à mon avis poserait aussi de nombreux problèmes".

Pour conclure, laissons la parole au célèbre Econoclaste, Alexandre Delaigue, qui a certainement du fumer la moquette pour s’exprimer ainsi : " Que la macro soit dans un état lamentable est une chose : mais au moins, nous le savons, parce qu'elle a subi l'épreuve du monde réel, et s'est avérée au mieux inutile, au pire nuisible: tout s'est passé comme si tout ce qui avait été fait en macro conjoncturelle depuis 40 ans était bon pour la corbeille." Serait-ce trop demander à ces économistes qui ont enfin, semble-t-il, entamé une prise de conscience salutaire, de considérer que d’autres théories existent qui valent peut-être la peine d’être prises un minimum en considération ? Et le fait que ces théories accordent une place centrale au rôle de la monnaie dans le fonctionnement de l’économie ne devrait pas être un prétexte suffisant pour les rejeter de manière méprisante sans autre forme de procès.