Sapir rappelle que dans le milieu des années 1990 Georges A. Akerlof et les chercheurs de la Brooking Institution avaient déjà prouvé qu’une certaine inflation était nécessaire au développement économique alors que d’autres travaux avaient montré les dangers d’une inflation trop basse. Il développe plus avant sa théorie en partant de travaux plus récents, en utilisant le concept de taux d’inflation "structurel", c'est-à-dire compatible avec le plein emploi  : 

Une étude des dynamiques de l’inflation réalisée dans les pays de la zone euro revêt ici une importance particulière. Le travail de Christian Conrad et Menelaos Karanasos démontre deux résultats essentiels. Tout d’abord, il n’y a pas de dynamique unique de l’inflation au sein des pays de la zone euro. De plus, celle-ci n’influence pas toujours négativement la croissance économique, à la différence de ce que prétendent les monétaristes. On est en présence de dynamiques différenciées et, dans certains cas, l’inflation apparaît bien comme nécessaire à la croissance. Cette étude montre donc la disparité des dynamiques au sein même de la zone euro. L’hétérogénéité des systèmes productifs et des structures sociales se reflète ainsi dans les dynamiques monétaires à travers les notions de core inflation (« noyau d’inflation ») mais aussi de l’output gap (écart entre le PIB réel et le PIB de plein-emploi potentiel). C’est bien la confirmation de la thèse du taux d’inflation structurel. C’était donc une profonde erreur que de donner comme objectif à une banque centrale d’atteindre un taux d’inflation qui soit à la fois bas (2%) et standardisé, ce qui fut pourtant fait dans le cas de la BCE.
La monnaie agit alors comme un miroir, voire une lentille grossissante. Elle va refléter et aggraver les dynamiques du monde réel. Ce résultat est parfaitement convergent avec celui des modèles à « information collante ». L’individualisation des systèmes économiques et sociaux, elle-même produit des histoires nationales dans lesquelles ces systèmes s’inscrivent, est un facteur essentiel dans toute approche de politique monétaire. En fait, les économies ont un taux d’inflation qui correspond à leurs structures productives, financières et sociales ; chercher à vouloir se situer en dessous de ce taux ne peut qu’entraîner des dommages durables sur l’économie et sur la société. Dès lors, il faut penser la permanence de taux d’inflation divergents entre pays différents. Or la monnaie unique impose un cadre commun qui conduit à des différences importantes entre les niveaux de compétitivité au fur et à mesure que l’on avance dans le temps. (…). Bien entendu, ces disparités et divergences peuvent s’estomper si l’on consent à adopter des flux de transferts budgétaires suffisants. Mais c’est justement ce qui ne peut pour l’instant avoir lieu dans la zone euro. L’euro, tel qu’il a été pensé et mis en place, apparaît désormais comme un archaïsme intellectuel et théorique.