Et les faibles subissent ce qu’ils doivent
Par RST le dimanche, 3 juillet 2016, 17:48 - Notes de lecture - Lien permanent
« Et les faibles subissent ce qu’ils
doivent » est un livre que je n’aurais sans doute pas eu l’occasion de
lire si on ne me l’avait pas offert. Cela aurait été bien dommage car il est
tout à fait passionnant. Yanis Varoufakis y retrace l’histoire de la monnaie
unique et de l’union européenne depuis la
fin des accords de Breton Woods en 1971 jusqu’à la crise de 2008 qui en
est, d’après lui, la conséquence directe. Cet ouvrage mériterait une note de
lecture détaillée que je n’ai pas le courage, je l’avoue humblement, d’écrire.
Une certaine lassitude, sans doute. Je me contenterai donc de reprendre très
rapidement quelques points essentiels.
Dans son ouvrage, Varoufakis analyse les forces à l’œuvre dans la
construction européenne. Le rôle des principaux pays comme les USA, l’Allemagne
et la France sont mis en évidence à travers l’action de leurs divers
dirigeants. Et l’on constate que c’est
bien à une guerre que se sont livrées – et que se livrent toujours – ces nations
pour assoir leur pouvoir et leur influence à titre collectif mais aussi parfois
au niveau des individus, pour obtenir des postes. Les victimes sont certes moins
visibles que dans les conflits armés mais pas inexistantes ni moins nombreuses
pour autant, l’austérité étant une arme de destruction massive. Un des
objectifs de cette guerre était de museler l’Allemagne après que les USA lui aient
permis de redevenir une puissance économique, nécessaire pour permettre
l’émergence d’un amortisseur économique en Europe, comme le Japon en Asie.
Le problème des déficits commerciaux revient tout au long du livre et
est présenté, – surtout lorsque les taux de change sont fixes ! – comme la
cause de graves déséquilibres, qu’un système comme le Bancor proposé par Keynes
aurait permis de résoudre pacifiquement. Mais à l’époque où ce principe fut mis
sur la table, les USA ne pouvaient accepter que d’autres leur dictent comment
utiliser leurs excédents. Nous en payons toujours les conséquences aujourd’hui !
Ce livre est très bien écrit, avec de nombreux rappels
qui permettent de bien s'imprégner des arguments développés. On sent l’influence
du professeur d’économie faisant preuve de beaucoup de pédagogie. Son
explication historique du fonctionnement du système monétaire est passionnante
et démontre que, dès l’origine, l’euro était voué à l’échec. Ce qui est
saisissant cependant, c'est qu'après avoir écrit tout ça Varoufakis cherche toujours à sauver l'Europe
! Il n'arrive pas à se débarrasser du mythe d'un peuple européen alors qu'il ne
démontre à aucun moment, son existence. Il reconnait en définitive qu'il n’y a
que deux solutions possibles : la fin de l’expérience ou le fédéralisme ... et
il propose malgré tout une solution intermédiaire ! Il semble que le souvenir de la dictature militaire en Grèce ait créé
un tel traumatisme chez lui, que la seule façon d’éviter que cela ne recommence
soit la création de l’Europe. Mais peut-on la réussir sans l’adhésion des
peuples ?