De Gaulle et l’économie
Par RST le mercredi, 1 septembre 2010, 19:21 - Citation - Lien permanent
J’ai déjà eu l’occasion de montrer comment en économie – comme dans tant d’autres domaines – De Gaulle était en avance sur son temps. Il proposait déjà en 1965 une troisième voie entre le capitalisme sauvage et le communisme totalitaire qu’il appelait "la politique des revenus". Mes lectures estivales m’ont amené à découvrir ses « Mémoires d’espoir » et à noter quelques citations qui ont particulièrement retenu mon attention, l’une d’ordre général et les autres plus spécifique sur la monnaie.
« La politique et
l’économique sont liées l’une à l’autre comme le sont l’action et la vie »
« (…) la monnaie, critère de la santé économique et condition du crédit, dont la solidité garantit et attire l’épargne, encourage l’esprit d’entreprise, contribue à la paix sociale, procure l’influence internationale, mais dont l’affaiblissement déchaîne l’inflation et le gaspillage, étouffe l’essor, suscite le trouble, compromet l’indépendance »
« Elle [la monnaie] est, à l’intérieur, la condition essentielle
de l’honnêteté des rapports, de la modération des désirs, de la sérénité des
destins, de l’ordre social et moral. Elle est, pour l’Etat qui marque les
pièces à son effigie : le roi, l’empereur, la république, l’attestation de
sa capacité, la justification de l’autorité qu’il exerce et de la confiance
qu’il requiert,l’argument qui lui est nécessaire pour demander l’effort,
imposer le sacrifice et réprimer les abus »
Il ne faudrait cependant pas croire que tous nos dirigeants ont nécessairement été convaincus de l’importance des aspects économiques. Ainsi, Georges Clemenceau peut, d’une certaine manière, être considéré comme un ignare en la matière, ce qui ne l’a pas empêché de devenir le Tigre. C’est Jean-Baptiste Duroselle dans sa biographie du « Père la Victoire » qui nous le dit en parlant de l’ouvrage écrit par le grand homme intitulé "Au soir de la pensée " :
« Sur près de 1 000 pages, il y en a certainement moins d’une au total pour évoquer les problèmes économiques et sociaux. Faire une synthèse sur la nature, sur l’humanité, sur son évolution, en oubliant ce qui détermine tant d’actions individuelles et collectives – la faim, le besoin, l’"exploitation de l’homme par l’homme" – est littéralement stupéfiant. Cela prouve, au-delà de tous les raisonnements, l’état d’indifférence où se trouve Clemenceau à l’égard de ces pensées. Pour les hommes de ma génération, qui ont assisté à l’essor puis au déclin du marxisme comme "idéologie dominante", il y a là réellement quelque chose d’aberrant. (…) le "politique" l’emporte tellement sur l’"économique"qu’il est à peine besoin de mentionner ce dernier. »