Quand nous avons créé la Sécurité sociale, nous avons fait de la politique des revenus. Quand nous faisons les allocations familiales, nous faisons de la politique des revenus. Quand nous distribuons de l’argent à l’agriculture, nous faisons une politique des revenus. Quand nous organisons les rémunérations dans les entreprises nationalisées, nous faisons une politique des revenus. Quand nous prélevons des impôts sur les sociétés, nous faisons une politique des revenus. Et ainsi de suite.

Alain Peyrefitte : Vous voulez que la politique des revenus soit intégrée au Plan, qui respecte les libertés individuelles, mais qui les oriente ?

Général de Gaulle : Il les oriente vers cette répartition du revenu national, ou du surplus du revenu national, entre les catégories sociales ; mais en outre, vers la distribution des revenus entre les diverses activités économiques. On peut donner plus à l’agriculture et moins l’industrie, ça dépend. Plus à la montagne, et moins à la région parisienne. Plus au logement et moins à l’Education nationale. Ou l’inverse. C’est ça, la politique des revenus. C’est ça, le dirigisme. C’est pas autre chose. Et c’est ce que nous avons adopté.

Alain Peyrefitte : Aucun pays du monde occidental ne pratique vraiment ce système.

Général de Gaulle : Ce n’est pas la première fois que la France montrera la voie.


Janvier 1965

Extrait de « C’était de Gaulle » par Alain Peyrefitte