Ce phénomène n’est pas nouveau. Cela fait au moins 30 ans que cela dure. A l’époque des Bacs B ou G (je ne sais plus trop les dénominations exactes) on y mettait déjà par défaut tous ceux que l’on ne jugeait pas capable de faire C, la voie dite royale. Le résultat comme le rapporte Le Monde.fr c’est que "les élèves de cette filière[ES] ont moins de chance d'intégrer les écoles les plus prestigieuses".

Sur le blog Mafeco,je suis tombé sur cette réaction étonnante (et pas seulement à cause du principe novateur du billet qui s’autodétruit après un certain temps !):

Je suis à HEC
Emmeline — 28/01/2009 - 18:19
Ce billet disparaîtra dans trois jours, le but de Mafeco n'étant pas de nous servir de CV. Mais il y a des limites à la mauvaise foi, et Sarkozy vient une nouvelle fois de les franchir

J'y suis rentrée 6e sur 380.
J'étais également 12e à l'ESSEC. 3e à l'ESCP. 1e à l'ENS de Cachan.
Et vous savez quoi ?
J'ai un bac ES.
Ca alors..
Ah, mais c'est sûr que moi, je ne l'ai pas eu au rattrapage après avoir redoublé ma sixième...

Et alors ? C’est un peu l’exception qui confirme la règle, non ? A ma connaissance, personne ne prétend qu’il est  impossible de faire HEC après un bac ES. C’est seulement plus compliqué qu’après un bac S.

Réagir de cette façon totalement épidermique démontre soit que l’on n’a rien compris soit une mauvaise foi pire que la mienne. Dans tous les cas, cela ne sert pas la cause que l’on prétend défendre. Car reconnaître cette situation ne revient pas à mépriser les filières autres que S. Bien au contraire, cela amène à considérer que les bons élèves en mathématiques doivent aussi pouvoir y trouver leur place, entraînant un effet global de revalorisation de toutes ces filières qui ne doivent plus être considérées comme des voies de garage, des choix par défaut. Notre société a besoin de philosophes, d’historiens et mêmes … d’économistes (si, si) et pas seulement d’ingénieurs. Et elle doit mettre les moyens pour que l’enseignement de ces disciplines se fasse dans des conditions optimales en attirant et développant les talents.

Le vrai problème qui surgit derrière cette polémique est  bien le scandale de la dictature écrasante des mathématiques dans nos sociétés.  L’actualité récente a démontré de manière tragique comment ils peuvent être dévoyés par la finance et entraîner les  désordres que nous connaissons.

Mais, au-delà de l’actualité, la triste réalité est que nous devons classer les gens pour assurer le bon  fonctionnement d’un système basé sur la compétition de chacun contre tous. Et pour classer les gens de la façon la plus objective possible, on a encore rien trouvé de mieux que les mathématiques. Comme le disait un vieux professeur de math sup dans sa grande sagesse, et bien qu’il fasse son métier avec passion :

" Le jour où il sera plus facile de classer les gens selon leur capacité à jouer de la guitare Hawaïenne plutôt que sur leur capacité à résoudre des problèmes de mathématiques, les enseignants de mathématique se retrouveront au chômage !"

On peut aussi rêver au jour où la compétition fera place à la coopération et où les mathématiciens pourront aussi jouer de la guitare Hawaïenne … accompagnés à la batterie par des économistes !