Celui qui se réjouit de servir de punchingball aux amateurs de ballon ovale reconnait implicitement être une calamité puisqu’il revendique ne pas faire de l’analyse mais du commentaire. Mais peut-on réellement appeler « commentaire », l’action consistant à répéter frénétiquement les mêmes onomatopées ? Les expressions comme : « Elle est bonne, elle est bonne », « il est énorme, il est énorme » ou encore « attention à la course de ce joueur, attention à la course de ce joueur, attention à la course de ce joueur » – on notera au  passage sur ce dernier exemple que l’intensité dramatique est bien mise en évidence par le triplement de l’expression –, constituent certes des ensembles légèrement plus structurés que le simple « ouais » dont use et abuse notre star télévisuelle mais pourraient tout aussi bien se retrouver dans la bouche d’un spectateur de film porno que dans celle de n’importe quel commentateur de n’importe quel sport. Or au rugby, de même que l’arbitre joue un rôle majeur dans le bon déroulement de l’action – attesté par le fait qu’on le qualifie aussi de directeur de jeu – le  commentateur a lui aussi un rôle majeur à jouer pour permettre au plus grand nombre, la bonne compréhension des règles qui impactent le déroulement de la partie. Il ne peut se contenter de « faire partager son plaisir » comme le revendique Jeanpierre qui tout à sa jouissance - intense quand c'est les anglais qui jouent -, n’éprouve aucune honte à balancer des « encore le même truc que tout à l’heure » faute de pouvoir décrire le truc en question avec les mots adaptés.

Je ne suis pas rugbyman. J’ai découvert ce sport et appris à l’apprécier sur le tard, motivé en partie par l’écœurement provoqué par le spectacle affligeant que nous proposait le football. Que Jeanpierre se contente de commenter ce dernier et laisse le rugby à ceux qui aiment vraiment ce jeu et savent nous faire partager, non pas leur plaisir, mais leur connaissance et leur passion.