Surtout ne dites jamais aux reporters du Petit Journal que ce ne sont pas des journalistes
Par RST le lundi, 7 mai 2012, 19:25 - Divers - Lien permanent
. C’était lors du meeting de
campagne de Nicolas-Dupont Aignan – alias NDA – du 17 avril dernier au Bataclan.
Avisant une joyeuse bande de drilles composée d’une digne représentante de la
gente féminine – reconnaissable à l’appareil de prises de vues qu’elle portait
sur l’épaule – et de deux individus de sexe probablement
masculin – reconnaissable pour l’un d’entre eux au fait qu’il tenait une longue
perche à la main et pour l’autre qu’il jouait au chef – je réalisais prestement qu’à moins qu’il n’aient volé la caméra estampillée
Petit Journal, la bande en question officiait pour le programme de
divertissement de Canal+. Alors qu’ils approchaient subrepticement (si, si) de
l’estrade dans le but évident de commettre un nouveau forfait,
je m’enquérais à haute et intelligible voix auprès de l’un des responsables de
la sécurité – reconnaissable au fait qu’il portait une oreillette – de savoir
pourquoi ces comiques avaient été autorisés à assister à une réunion de gens,
de droite pour certains , mais bien dans leur immense majorité puisqu’ils
allaient voter pour NDA, alias Nicolas Dupont Aignan. Je me suis fait de nouveaux amis
Dans un sourire complice mais pas dupe, le dit responsable me répondit
qu’ils étaient journalistes. A ce point du récit et afin de lui conserver toute
sa crédibilité, je précise que je connaissais personnellement l’homme à
l’oreillette mais que je n’avais cependant pas préparé à l’avance mon intervention qui reposait donc sur
l’improvisation la plus totale. J’exprimais alors, toujours à haute et
intelligible voix, mon étonnement sincère que l’on confère au trio une telle
qualité. J’allais même jusqu’à demander fermement – sans toutefois exiger, conscient que je m’adressais, certes à une connaissance, mais
avant tout, à un membre de la sécurité – que l’on me précise les critères
retenus pour cela. Je n’eus pas le temps de saisir entièrement la réponse qui,
sauf erreur de ma part, mentionnait la possible existence de cartes de presse, que
déjà j’étais apostrophé par mes futurs nouveaux amis. Ils m’avaient entendu
(si, si). Outrés que je remette aussi ouvertement en question leur qualification
professionnelle, ils m’interrogérent vivement sur les raisons qui, selon eux,
m’amenaient à les insulter de la sorte. Outré à mon tour, je répliquais qu’il
fallait se calmer et que dire à quelqu’un qu’il n’est pas journaliste ne
pouvait en aucun cas être constitutif du crime odieux dont j’étais injustement
accusé. J’aurais pu rajouter – ce que je n’ai pas fait – afin d’illustrer mon
propos, que lancer à quelqu’un « Casses toi pauv’con »,
ça, c’est une putain d’injure. Un dialogue de sourds s’engageait alors, mes
interlocuteurs cherchant à me convaincre qu’en réalité, ils rendaient service à
NDA avec qui ils avaient eu, soit disant, l’occasion de s’expliquer, tandis que
je leur rétorquais, plein d’à propos, que lui c’était lui, que moi c’était moi,
que toi tais-toi et que je n’appréciais pas leur façon de procéder
consistant à se foutre principalement et exclusivement de notre gueule. J’aurais
pu rajouter – ce que je n’ai pas fait – que je trouvais ça beaucoup plus drôle
quand ils se foutaient de la gueule des autres. Le reste de ce que l’on peut
difficilement appelé une conversation n’a pas beaucoup d’intérêt et je ne
développerai donc pas plus. Je regrette simplement de ne pas avoir eu
l’occasion de leur dire que c’était moi le militant de DLR à l’origine du démontage de leur
mystification dénoncée en son temps par Arrêt sur Image.
La discussion tourna finalement court. Mes interlocuteurs, drapés dans leur indignation, prirent soudainement la théâtrale décision de quitter les lieux sur le champ. Ils croyaient, ce faisant, me punir de mon incroyable audace en me rendant responsable de leur départ précipité et de la perte d’audience qui en résulterait pour mon parti chéri. Réalisant qu’en fait, le seul effet de tout ça était de m’en toucher une sans faire bouger l’autre, et non de me forcer à me prosterner pour leur demander pardon, ils se ravisèrent. A moins que ce changement soudain de stratégie ne soit motivé par l’ardent désir de ne pas mettre prématurément un terme à notre amitié naissante ? Une autre hypothèse – bien peu probable cependant – étant la peur de recevoir une avoinée de la part de leur patron pour abandon de poste. Je ne le saurai probablement jamais. Toujours est-il qu’ils s’en allèrent vaquer à leurs occupations, tandis que les vrais journalistes prenaient position dans l’attente de l’arrivée imminente du patron de Debout la République qui allait enflammer l’audience.