Dans un sourire complice mais pas dupe, le dit responsable me répondit qu’ils étaient journalistes. A ce point du récit et afin de lui conserver toute sa crédibilité, je précise que je connaissais personnellement l’homme à l’oreillette mais que je n’avais cependant pas préparé à l’avance  mon intervention qui reposait donc sur l’improvisation la plus totale. J’exprimais alors, toujours à haute et intelligible voix, mon étonnement sincère que l’on confère au trio une telle qualité. J’allais même jusqu’à demander fermement – sans toutefois exiger, conscient que je m’adressais, certes à une connaissance, mais avant tout, à un membre de la sécurité – que l’on me précise les critères retenus pour cela. Je n’eus pas le temps de saisir entièrement la réponse qui, sauf erreur de ma part, mentionnait la possible existence de  cartes de presse, que déjà j’étais apostrophé par mes futurs nouveaux amis. Ils m’avaient entendu (si, si). Outrés que je remette aussi ouvertement en question leur qualification professionnelle, ils m’interrogérent vivement sur les raisons qui, selon eux, m’amenaient à les insulter de la sorte. Outré à mon tour, je répliquais qu’il fallait se calmer et que dire à quelqu’un qu’il n’est pas journaliste ne pouvait en aucun cas être constitutif du crime odieux dont j’étais injustement accusé. J’aurais pu rajouter – ce que je n’ai pas fait – afin d’illustrer mon propos, que lancer à quelqu’un « Casses toi pauv’con », ça, c’est une putain d’injure. Un dialogue de sourds s’engageait alors, mes interlocuteurs cherchant à me convaincre qu’en réalité, ils rendaient service à NDA avec qui ils avaient eu, soit disant, l’occasion de s’expliquer, tandis que je leur rétorquais, plein d’à propos, que lui c’était lui, que moi c’était moi, que toi tais-toi et que je n’appréciais pas leur façon de procéder consistant à se foutre principalement et exclusivement de notre gueule. J’aurais pu rajouter – ce que je n’ai pas fait – que je trouvais ça beaucoup plus drôle quand ils se foutaient de la gueule des autres. Le reste de ce que l’on peut difficilement appelé une conversation n’a pas beaucoup d’intérêt et je ne développerai donc pas plus. Je regrette simplement de ne pas avoir eu l’occasion de leur dire que c’était moi le militant de DLR à l’origine du démontage de leur mystification dénoncée en son temps par Arrêt sur Image.  

La discussion tourna finalement court. Mes interlocuteurs, drapés dans leur indignation, prirent soudainement la théâtrale décision de quitter les lieux sur le champ. Ils croyaient, ce faisant, me punir de mon incroyable audace en me rendant responsable de leur départ précipité et de la perte d’audience qui en résulterait pour mon parti chéri. Réalisant qu’en fait, le seul effet de tout ça  était de m’en toucher une sans faire bouger l’autre, et non de me forcer à me prosterner  pour leur demander pardon, ils se ravisèrent. A moins que ce changement soudain de stratégie ne soit motivé par l’ardent désir de ne pas mettre prématurément un terme à notre amitié naissante ? Une autre hypothèse – bien peu probable cependant – étant la peur de recevoir une avoinée de la part de leur patron pour abandon de poste. Je ne le saurai probablement jamais. Toujours est-il qu’ils s’en allèrent vaquer à leurs occupations, tandis que les vrais journalistes prenaient position dans l’attente de l’arrivée imminente du patron de Debout la République qui allait enflammer l’audience.