Le coming out néochartaliste d’Atlantico
Par RST le lundi, 22 février 2016, 19:01 - Choses Lues - Lien permanent
Ce n’est pas la première fois que je remarque que Nicolas Goetzmann, responsable du pôle Economie pour Atlantico, tient des propos que l’on pourrait qualifier de subversifs, compte tenu du milieu dans lequel il évolue. Accompagné de Christophe Bouillaud, dans un entretien à deux voix paru récemment sur le site, il remet en cause les politiques d’austérité pratiquées en Europe, notamment à la lumière des avertissements du FMI et l’OCDE. Ce n’est pas là le seul paradoxe de ce texte – dont je recommande la lecture – que de présenter ces deux organismes comme ayant la solution à tous nos problèmes, quand on se souvient, par exemple, des dégâts occasionnés en leur temps par les politiques d’ajustements structurels imposées par le …FMI.
On ne peut que se réjouir
de voir un site comme Atlantico d’une
part prendre la défense des Etats face à ceux qui les tiennent pour
responsables de la crise et de l’explosion de la dette, et d’autre part accuser
les financiers et le marché, « qui
ont fait des erreurs de jugement gigantesques ». Ou dénoncer la
négation du rôle de la monnaie en même temps que l’absence de mise en cause du
pouvoir de la BCE dans le débat politique. Mais le véritable intérêt de ce
texte est de présenter les principes qui, mis en œuvre, pourraient tout changer
en rappelant qu’ « un Etat (…)
a le choix de pousser ou de restreindre le niveau d’activité en utilisant sa
monnaie » et en recommandant
une politique d’investissements dans les infrastructures et l’adaptation au
changement climatique.
Mais si le FMI, l’OCDE et
Atlantico ont fini par se convertir à ces principes que je qualifierais de
chartalistes et qui, soit dit en passant, sont tout sauf nouveaux, qu’en est-il
de l’opinion publique ? C’est C.Bouillaud qui répond à cette question
fondamentale en dénonçant la « longue
et continue propagande » mise en place par « par les éditorialistes des principaux médias du pays et la plupart
des hommes politiques, de droite comme de gauche » qui ont érigé la dette
publique comme problème majeur du pays, ont fait en sorte que l’éducation ou la
santé soient considérés comme des dépenses courantes à réduire et non des
investissements dans l’avenir et ont martelé
qu’il fallait gérer le pays comme un « bon père de famille » pour éviter la
faillite.
On terminera sur une note positive en constatant que, malgré tout, certaines idées progressent, certes pas assez rapidement, mais elles progressent. Espérons simplement qu’elles seront mises en œuvre avant qu’il ne soit trop tard.