Alors certes le livre "détaille chapitre après chapitre les turpitudes de la banque d'affaires américaine." Mais il le fait, selon moi, d’une manière un peu confuse, sans que l’on distingue de réel fil conducteur et avec l’impression, parfois, que les anecdotes rapportées tombent comme un cheveu sur la soupe. Il est tout à fait correct de dire, comme le fait Chavagneux, que " Tout le livre dénonce, exemples à l'appui, l'ambiguïté du comportement de la banque, prête à tout pour accumuler les profits, y compris quand cela doit se faire au détriment de ses clients. Goldman Sachs nage en permanence en plein conflit d'intérêts (…)". Fallait-il vraiment produire 310 pages pour arriver à cette conclusion qui tient en 3 lignes ? De même, dénoncer une certaine "consanguinité " qui se traduit par le fait que "Goldman Sachs, non contente de s'imposer dans la finance, place systématiquement ses hommes aux postes clés des gouvernements" aux Etats-Unis mais aussi en Europe, ne nécessitait pas forcément de longs développements. 

Il y a néanmoins un point très intéressant mis en avant par l’ouvrage et sur lequel Chavagneux reste silencieux. Il me parait  pourtant fondamental : après la crise, Goldman Sachs est plus grosse et plus puissante que jamais.  De nombreux concurrents – Lehman,Salomon Brothers, Drexel Burnham Lambert,… – ont disparu pour laisser place à "un club de caïds plus que coriaces" – Goldman Sachs, JP Morgan, Barclays, Crédit Suisse et Deutsche Bank – qui se partagent maintenant le gâteau. Et ça c’est vraiment inquiétant !