Je ne vais pas reprendre ici dans le détail l’argumentation présentée qui remonte aussi loin que 1453 et la chute de Constantinople, dernière grande victoire du monde islamique entamant ensuite, alors que débute la Renaissance en Europe, son long mouvement de déclin. Se développe alors un sentiment d’humiliation qui se renforce ensuite au cours de l’histoire avec notamment  la naissance de l’état d’Israël, la Guerre des Six Jours ou l’échec des printemps arabes. Ce dernier voit naitre une interrogation profonde : pourquoi ça ne marche pas chez nous ? L’occident, qui a joué avec cette région du monde pendant des siècles, et continue de le faire aujourd’hui, n’est pas, loin s’en faut, exempt de toute responsabilité dans ce constat.

Je ne développerai pas plus la question, très sensible, des responsabilités, pour m’intéresser plus particulièrement à la notion d’humiliation qui, selon D.Moïsi, est vécue de manière collective par le monde arabe – les iraniens ou les turcs par exemple étant beaucoup moins affectés – et qui, combinée à la frustration individuelle de certains fanatiques, produit un mélange détonnant avec les conséquences monstrueuses que l’on connait. Cette humiliation qui, on l’a vu, trouve son origine plusieurs siècles en arrière, est un sujet toujours terriblement d’actualité et dont on doit tenir compte pour essayer de comprendre ce qui s’est passé le 7 janvier. C’est, d’une certaine manière, ce que fait olivier Berruyer dans le dernier billet publié sur le blog Les-Crises.fr dans lequel il écrit notamment : « (…) on a des caricatures qui ont déclenché une haine très forte dans le monde musulman, mais personne n’accepte de reconnaitre que c’était une incitation à la haine (…) » Quelle est l’origine de cette haine, sinon l’humiliation ? Si l’on considère, et c’est mon cas, que l’humiliation ressentie fait partie intégrante du problème, et que, y mettre un terme fait partie de la solution, on ne peut qu’être inquiet quant à la possibilité que cela advienne un jour. Car qu’avons-nous dans le « camp du bien » autoproclamé, admirablement représenté par cette $$!!@#@!# de Nathalie Saint Cricq, grande prêtresse de la politique sur France 2, qui propose de repérer, traiter, désintégrer d’intégrer, ou de réintégrer ceux qui revendiquent de « ne pas être Charlie » ? Des individus bien décrits par O.Berruyer comme des «des athées intégristes, proches d’une forme de nihilisme, voulant convertir les autres à leur non-religion, comme d’autres extrémistes veulent convertir à leur religion… » ou bien des ayatollahs de la liberté d’expression qui substituent à la liberté de blasphémer, l’obligation de le faire.

Il n’y a pas de réponse simple ou manichéenne à donner à ce qui vient d’arriver nous dit Dominique Moïsi mais la première chose à faire est de comprendre. Si l’on s’en tient aux réactions de nos élites politiques et médiatiques, ce n’est pas gagné !