"Y a-t-il une différence de nature entre un euro créé par monétisation directe du déficit de l’État lorsque celui-ci présente ses titres à la banque centrale et un euro obtenu par l’État en vendant ses titres publics à des opérateurs financiers non bancaires, lesquels les revendent à des banques, qui elles-mêmes les revendent à la banque centrale en échange de leur propre refinancement ? À l’évidence, l’euro d’un côté et l’euro de l’autre ont toujours le même effet sur l’activité économique globale. La différence, et elle est loin d’être négligeable, est double : les différents intermédiaires se paient au passage et la collectivité a abandonné son pouvoir entre les mains de financiers qui vont non seulement exiger une rémunération à la hauteur du risque qu’ils estiment prendre, mais, de plus, qui vont exiger des États qu’ils fassent des choix politiques conformes aux intérêts des classes dont ils sont les mandataires."

Extrait de "Contre le retour de l’épargne préalable, une conception sociale de la monnaie" par Jean-Marie Harribey