G.Kepel propose dans son livre des clés pour tenter de comprendre les mécanismes à l’œuvre à travers ce qu’il appelle le djihadisme de troisième génération. Son analyse est clairement basée sur la prise en compte de déterminismes sociaux-économiques comme on peut le constater dans les citations ci-dessous : « […] deux types de mobilisation contestataires se sont développées en parallèle : le nationalisme identitaire d’extrême droite et le référent islamique. Ils sont uniment porteurs, comme le PCF jadis, d’une forte charge utopique qui réenchante une réalité sociale sinistrée en la projetant dans un mythe où les laissés-pour-compte d’aujourd’hui seront les triomphateurs de demain »
« Nous avons montré […], tout au long du parcours de ce livre, que les acteurs qui se réclament de l’islam « intégral » sous ses diverses formes, de la surexcitation identitaire jusqu’au basculement dans la violence, transforment par le recours à la religion leur fureur sociale en stratégie politique »

On peut évidemment ne peut adhérer aux thèses de l’auteur et proposer d’autres explications. Mais une chose est sûre : refuser d’expliquer et donc de comprendre, est le moyen le plus sûr de ne pas trouver de solutions appropriées. C’est l’option des médiocres – ou des cyniques, ce qui n’est pas incompatible – qui, n’ayant pas la capacité intellectuelle d’appréhender le monde tel qu’il est, s’en tiennent à des raisonnements simplistes et dangereux pour justifier la mise en place du système totalitaire qui s’installe subrepticement et dont l’aboutissement constituera la plus grande victoire de nos ennemis qui pourront continuer de frapper car comme l’écrit Kepel au sujet du terrorisme, « Faute de comprendre que le phénomène n’est pas exclusivement sécuritaire, à n’en traiter que les symptômes, à refuser d’exhumer ses racines sociales, politiques et religieuses et de consacrer les moyens nécessaires à en faire l’étiologie, le gouvernement français se condamne à attendre sa prochaine occurrence »