Concernant ce dernier, c’est Daniel Schneidermann qui rappelait que son ancien président, Roland Dumas avait avoué, entre autres forfaitures, avoir validé en 1995 les comptes de la campagne présidentielle, qu'il savait pourtant falsifiés, de deux candidats, Chirac et Balladur. C’était, soit dit en passant, un secret de Polichinelle. Nous ne reviendrons pas sur l’ignominie que constitue un tel comportement sur lequel j’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer. Nous nous étonnerons juste que l’on puisse tolérer que cette institution, dont l’impéritie n’est plus à démontrer, ait encore le pouvoir d’annuler des lois, si elle ne les estime pas conformes à la constitution. Comme l’écrit le patron d’Arrêt sur Images, « c'est lui [le Conseil constitutionnel], et pas les élus, qui décide à partir de quel taux un impôt est confiscatoire. » Et c’est donc aussi lui qui censure toute possibilité de lutter contre l’optimisation fiscale qui, dans bien des cas, n’est rien d’autre que de l’évasion fiscale.  Comment en effet appeler autrement les schémas mis en place par certaines multinationales dont un exemple – authentique – est donné ci-dessous, où l’on voit qu’un contrat de plusieurs centaines de millions d’euros est coupé en trois morceaux, eux-mêmes redécoupés en morceaux plus petits afin de pouvoir éparpiller l’activité et donc les revenus correspondants, tout cela de manière bien souvent artificielle.



Vous n’y comprenez rien ? C’est normal, c’est fait pour. Pour nous enfumer et dissimuler ce qui n’est en réalité que de la fraude fiscal, laquelle par ailleurs lorsqu’elle est éventuellement prouvée, ne fait pas l’objet des mesures de rétorsion appropriées puisque, comme l’écrit Didier Fassin dans « L’ombre du monde » son étude passionnante de l’univers carcéral, , « (…) c’est la société, à travers ses élus et ses fonctionnaires mais aussi ses journalistes et ses experts, qui décide par exemple que la possession de quelques centaines de gramme d’un produit consommé librement dans des pays voisins constitue un délit plus grave que la fraude fiscale, justifiant non seulement des peines plus dures mais également des procédures plus expéditives et plus inéquitables. »

Or les conséquences de l’une et l’autre de ces infractions ne sont pas les mêmes : les sommes qui s’évaporent à travers les  paradis fiscaux représentent un manque à gagner pour les Etats de plus du tiers du PIB mondial. Aucune comparaison possible avec les nuisances éventuelles créées par les paradis artificiels !