Avec le ton condescendant et ironique qu’affectionne désormais Jorion vis-à-vis des contradicteurs qu’il tolère, il a donc expliqué que ses propos avaient été "condensés": "(…)  un entretien n’est pas une transcription, c’est en général un condensé de ce que vous avez dit. (…) Quand vous voyez dans un journal ou sur la toile un entretien qui fait une page, c’est au mieux 20 % de ce qui a été dit, que chaque interviewer aura condensé dans son propre style. Vous m’avez déjà vu ici parler de « mutualiser les dettes », (…) « espérer que des décisions relatives au fédéralisme européen seront actées rapidement » ? (…) "

Notons tout d’abord que la censure qui sévit sur le blog de Jorion oblige à une certaine prudence quant à l’authenticité des critiques tolérées, et sur les raisons profondes de leur publication. Il ne faut pas négliger la possibilité que la polémique ait été  volontairement encouragée afin de générer  le buzz indispensable au bon fonctionnement de la petite entreprise Jorion and Co. Remarquons ensuite que les déclarations de l’anthropologue rapportées par Capital.fr, sont tout à fait cohérentes avec les positions habituellement défendues sur son blog où l’on considère, en gros, que notre salut passe nécessairement par un gouvernement mondial, et que, souverainisme et fascisme sont des synonymes. Enfin, si vraiment ses propos ont été déformés comme il le prétend, pourquoi ne pas l’avoir précisé en introduction ?

Jorion justifie sa présence médiatique tous azimuts en n’hésitant pas, une fois de plus, à se référer abusivement à Lordon qui, selon lui, n’accepte "de prendre la parole que dans des cadres où l’on maîtrise à 100 % le contenu final" alors que lui, Jorion, a "fait le choix inverse, à partir du principe : « il en restera bien toujours quelque chose ! »" … et notamment de la pub pour son blog et ses bouquins ! Sauf erreur de ma part, ce que demande en réalité Lordon c’est de pouvoir s’exprimer plus de 3 minutes sans être interrompu. C’est un peu différent que de vouloir contrôler le contenu final, mais ça permet à Jorion de laisser insidieusement entendre qu’il est lui, contrairement à d’autres, courageux car prêt à prendre des risques. Le problème c’est qu’il ne les assume pas ces risques puisqu’il remet en cause ce petit "quelque chose" qui selon lui doit bien rester. Et de fait, il rejette le principe même de l’interview qui n’a plus de raison d’être puisque les propos rapportés pourront systématiquement être contestés, les journalistes, suivant la théorie de Jorion, étant incapables de rapporter les échanges fidèlement et objectivement.

Jorion n’en est plus à une contradiction près. Je souhaite sincèrement que ceux qui croient encore que cet homme présente un intérêt quelconque ouvrent enfin les yeux pour constater qu’il est, au mieux insignifiant, au pire, dangereux, en tous les cas, totalement contreproductif lorsqu’il s’agit de proposer une analyse et des solutions à la crise que nous vivons. Laurent, si tu me lis ….

Signalons en passant et pour conclure qu’il est assez savoureux de voir un citoyen belge revendiquer un fédéralisme européen alors que son propre pays est au bord de la sécession depuis des mois – et, accessoirement sans gouvernement, sans pour autant s’en porter plus mal visiblement.