Je précise tout de suite qu’il n’est pas dans mon intention de faire des comparaisons hasardeuses, et que ma colère contre le "système" ne me rend pas aveugle au point de prétendre que nous vivons aujourd’hui une situation semblable à celle de 1939 et des années qui ont suivi. Ce serait faire injure à ceux qui l’ont vécue et l’ont combattue. Il n’en reste pas moins vrai que la domination exercée aujourd’hui sur nos existences par la finance et ses institutions, (que l’on peut aussi regrouper sous le terme "monde des affaires") n’est plus supportable et que seul un esprit de résistance partagé par le plus grand nombre permettra d’y mettre fin.  

Notons tout d’abord que la finance est non seulement intrinsèquement prédatrice mais qu’elle est aussi naturellement collaborationniste. Elle sera toujours et partout du côté des plus forts, sans considération aucune ni pour la justice, la morale ou le droit. C’est ce qui fait dire à Pierre Messmer dans "C’était un temps déraisonnable" (de G.M. Benamou) que «L’inspection des Finances a été un des bastions de Vichy : elle a traversé sans encombre la guerre et la Libération. (…) Le monde des affaires et de l’administration était vichyste, il l’est resté ». Remarquons ensuite que le problème n’est pas nouveau. Il suffit pour s’en convaincre de lire « Les Thibault » de Roger Martin du Gard et de constater que le combat mené par Jacques au début du XXème siècle à l’orée de la Première Guerre Mondiale est, hélas, plus que jamais d’actualité, cent ans plus tard en ce début de XXIème siècle, pratiquement dans les mêmes termes. Pas de quoi être vraiment optimiste. Mais pas de quoi renoncer non plus car comme le dit Jacques : «J’ai compris qu’il était absurde de croire que le triomphe de la justice était facile et proche, mais qu’il était plus absurde encore, et criminel de désespérer ! »

C’est aussi le sens du film « Walter, retour en résistance » de Gilles Perret qui à travers l’exemple du résistant et déporté Walter Bassan, nous invite à ne pas baisser les bras, à nous poser la question de savoir si être résistant aujourd’hui ne consiste pas à s’opposer au libéralisme, ou plus exactement à sa version pervertie que constitue le néo-libéralisme à l’origine des excès récents de la finance. Et une première façon de le faire peut être de répondre à l’appel lancé par l’Association Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui et de se rendre sur le plateau des Glières le 16 mai prochain. En n’oubliant pas que, comme l’aurait dit l’homme politique et philosophe irlandais Edmund Burke : « All that is necessary for the triumph of evil is that good men do nothing » (La seule condition au triomphe du mal, c'est l'inaction des gens de bien).