Peur de l'autre ou peur du semblable ?
Par RST le samedi, 25 avril 2015, 20:32 - Notes de lecture - Lien permanent
« À l'heure où s'exacerbent les extrémismes, où attentats, guerres civiles, répressions font rage, on a tôt fait d'assimiler cette violence inouïe au choc des cultures et à la peur de la différence. Prenant l'exact contrepied du discours ambiant, l'un des plus grands intellectuels américains contemporains bouscule les idées reçues et relance le débat : c'est de la peur du semblable que naît la violence. Convoquant aussi bien la philosophie que la psychanalyse freudienne et les sciences humaines, Russell Jacoby revisite cinq mille ans d'Histoire, du mythe fondateur d'Abel et Caïn à la Saint-Barthélemy, de la Shoah au génocide rwandais, et propose de nouvelles pistes de réflexion passionnantes. Pourquoi les guerres civiles sont-elles les plus meurtrières ? Comment expliquer que les massacres les plus abominables aient été perpétrés par des bourreaux proches de leurs victimes ? Aurions-nous plus à craindre de notre propre voisin ? Aujourd'hui plus que jamais, il y a urgence à interroger les ressorts de la violence, pour mieux œuvrer pour la paix. »
Quatrième de couverture de « Les ressorts de la violence – Peur de l’autre ou peur du semblable ? » de Russell Jacoby
« Freud semble [donc] valider l’idée selon laquelle le processus d’assimilation attise l’antisémitisme. Ce n’était pas l’étrangeté, mais la proximité des juifs qui suscitait la rancœur. »
« Souvenons-nous de l’idée clé de Girard [René] : « L’ordre, la paix et la fécondité reposent sur les différences culturelles. Ce ne sont pas les différences mais leur perte qui entraine la rivalité démente, la lutte à outrance entre les hommes d’une même famille ou d’une même société. » »
« Les deux parts du monde musulman, raisonnable et moins raisonnable, redoutent de copier l’Occident. Ce n’est pas la distance entre « eux » et « nous » qui les dérange, mais sa réduction ou son absence. »
« La misogynie serait-elle au cœur de la violence fratricide ? La peur des femmes en serait-elle le moteur ? Est-ce la crainte de l’effémination, et plus généralement de la perte de l’identité qui pousse les hommes à s’entretuer ? C’est fort possible. »