« (…) je ne peux dire mieux que ce qu’Alain Parguez, un professeur remplaçant à Paris quand j’y étais arrivé étudiant en troisième cycle, a professé depuis toujours : les économistes néoclassiques se fondent sur le concept de rareté. Sans le concept de rareté, il n’y a aucune pensée économique néoclassique. En rendant le stock de monnaie exogène, le concept de rareté est recouvré, même lorsqu’on discute de création monétaire. Cela rend la théorisation possible pour les économistes orthodoxes. Ainsi il y a deux sortes d’économistes néoclassiques. Premièrement, il y a ceux qui argumentent toujours conformément aux manuels scolaires, qu’il y a une quantité donnée de monnaie là, fermement liée au montant des réserves déterminé par une banque centrale responsable ;(…) ils ont clairement perdu le contact avec la réalité. Deuxièmement, il y a des auteurs néoclassiques qui reconnaissent que le processus de création monétaire dans les systèmes financiers modernes rend le stock de monnaie endogène, mais qui voudraient que la banque centrale se conduise d’une telle façon que le stock de monnaie serait exogène à nouveau. »

L’importance de ce débat avait déjà été brillamment mise en évidence par Ette Rodox sur l’excellent blog Des économistes et des hommes dans une série d’articles tout à fait passionnants. Dans un de ces articles, il montrait comment le concept de monnaie exogène est intimement lié à la théorie de l’offre sur laquelle repose toutes les théories classiques et néoclassiques. Il avait auparavant fait appel à Keynes pour tenter d’expliquer comment des théories économiques qui négligent la demande et semblent si éloignées de la réalité, ont pu connaître un tel succès. Enfin, dans un autre article, il montrait comment un phénomène économique – les variations de la masse monétaire au cours de la dépression des années 30 – pouvait s’expliquer différemment suivant que l’on se plaçait du côté théorie de la demande/monnaie endogène ou, comme Mishkin, du côté théorie de l’offre/monnaie exogène. 

Je ne vais pas poursuivre plus en avant la discussion sur le caractère endogène ou exogène de la monnaie. Je conclurai simplement, à la lumière de ce qui précède, en posant la question de savoir comment le 100% monnaie s’intègre dans ce cadre. Ne prétend-il pas rendre définitivement la monnaie exogène ? Et finalement, est-ce bien souhaitable ?

A suivre …