Rappelons d’abord que ce que nous risquons bientôt d’être obligés d’appeler le "bénévolat bisness" a un illustre cousin en la personne du charity business. De « we are the world » à Bernard Kouchner, en passant par le scandale de l’ARC, l’histoire récente nous a permis de constater toutes les dérives que peuvent entraîner l’accaparement de l’action humanitaire par le "monde économique" – concept générique englobant tous ceux, artistes, entrepreneurs, politiciens, …, dont la finalité est de "faire du fric". Or ne voila-t-il pas que ce "monde économique" commence à pointer le bout de son nez dans un domaine de l’activité humaine encore, selon ma modeste expérience, relativement épargné par la course à la rentabilité et où les motivations des "agents économiques" ne sont pas nécessairement celles décrites par la doxa orthodoxe. Elles peuvent d’ailleurs, soit dit en passant, ne pas être toujours plus nobles, le domaine du bénévolat hébergeant en son sein un certain nombre d’individus passablement dérangés.          

Toujours est-il qu’après le footballeur David Beckham à qui la rumeur a prêté l’intention de jouer "bénévolement" au PSG – et je ne m’étendrai pas plus sur ce cas, tellement j’en suis arrivé à haïr le football et tout ce qu’il représente – voila que nous apprenons maintenant que Ségolène Royale vient d’être nommée vice-présidente de la BPI, fonction qu’elle exercera, semble-t-il, sans rémunération et donc … bénévolement. Nous voyons bien là tout le dévoiement qu’entraîne la référence à une activité bénévole. Car qui peut croire que, si cette nomination avait eu la moindre justification, sa bénéficiaire n’aurait pas reçu la juste rémunération que mérite tout travail ? Ce n’est que parce qu’elle a été parachutée et qu’elle cherche à limiter les critiques, notamment autour de ses compétences pour exercer ce rôle, que S.Royale prétend bosser à l’œil. Elle porte ainsi préjudice à l’image du bénévolat pratiqué par ceux qui considèrent que l’absence de rémunération est une condition essentielle et non un moyen d’exercer leur activité.        

N’ayant pas la prétention de faire une thèse sur le sujet, je m’arrêterai là, non sans remarquer que la situation que je décris a peut-être des origines plus profondes. Il y a longtemps maintenant que la frontière entre secteur marchand et bénévolat est poreuse. Je ne prendrai qu’un seul exemple : le parc d’attraction le Puy du Fou ne pourrait survire sans l’apport de ses milliers de bénévoles. Doit-on considérer que ce genre de modèle économique est viable, chacun ayant son rôle à jouer,  ou allons nous assister, avec l’intrusion des vedettes médiatico-sportivo-politico-économiques à l’avènement du "bénévolat bisness" avec toutes ses conséquences néfastes ?