Le Conseil National de la Résistance : entre mythe et réalité
Par RST le jeudi, 17 octobre 2013, 19:27 - Politique - Lien permanent
Il est de bon ton dans certaines
organisations politiques que nous ne nommerons pas ici par pure charité
chrétienne d’en appeler, pour les uns, à un gouvernement d’union nationale, et
pour les autres, à un nouveau Conseil National de la Résistance (CNR). Ce
dernier concept peut paraitre séduisant et particulièrement adapté à notre
époque, mais il me semble, bien que n’étant pas historien et donc pas
nécessairement qualifié sur le sujet, qu’il est surtout la conséquence d’une
méconnaissance de ce que fut réellement le CNR.
Rappelons, détail non négligeable, que le CNR n’a pu voir le jour que grâce à l’action d’un homme d’exception : Jean Moulin. Sans lui, des mouvements que tout opposait n’auraient jamais pu réussir à faire croire qu’ils étaient unis derrière le Général de Gaulle. Or nul ne se dresse aujourd’hui ayant la stature de l’héroïque préfet. De plus, autre détail d’importance, le CNR n’a jamais gouverné en tant que tel. Et la plupart de ses membres issus des mouvements de la Résistance, contrairement à ceux provenant des partis, n’ont, par la suite, pas eu de responsabilité politiques. Faire croire qu’un "N"CNR pourrait voir le jour aisément pour ensuite gouverner c’est entretenir un mythe bien éloigné de ce que fut la réalité du CNR que nous rappelle Olivier Wieviorka dans son "Histoire de la Résistance" :
« (…) la résistance dans son ensemble ne parvint pas à transformer l’essai. Ni de Gaulle ni les mouvements ne réussirent à recomposer le champ politique à la Libération, et la IVe République ressembla comme une sœur jumelle à la IIIe. Si la France entama sa reconstruction en se fondant sur des bases radicalement nouvelles, les réformes emblématiques furent largement inspirées par les solutions ébauchées durant les années 1930, et le programme du CNR ne joua qu’un rôle modeste dans le New Deal qui structura les Trente Glorieuses. Sur le plan mémoriel, enfin, la résistance ne parvint pas à exercer une magistrature d’influence en imposant son éthique »
Gouvernement d’union national, Nouveau Conseil National de la Résistance, Comité de Salut publique, Front Populaire...on s’en fout. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! C’est un peu ce que l’on a envie de hurler. J’ai peur hélas que, quelle que soit la forme que prendra une éventuelle force politique capable de proposer un véritable changement, celle-ci ne verra le jour que dans des circonstances dramatiques. Par temps calme ou pas trop agité, c’est le régime des partis qui continuera à prévaloir, pour le plus grand bénéfice de l’UMPS.