En ce qui me concerne, je ne sais pas si les motivations conscientes de Trichet sont effectivement de défendre les intérêts de l’oligarchie financière apatride. Le fait est, qu’il les défend objectivement par ses actions mais, paradoxalement, et je vais me faire ici l’avocat du diable, je ne serais pas surpris s’il croyait vraiment faire son boulot dans l’intérêt de tous. Comme l’explique quelqu’un comme Krugman dans son dernier bouquin, les hommes qui ont la charge de piloter l’économie prennent des décisions, non pas en fonction de ce qu’ils croient efficace, mais en fonction de ce qu’ils croient que les marchés vont croire et qui va se révéler auto-réalisateur. Sur la Grèce par exemple, on pourrait penser que Trichet n’a visiblement pas retenu les leçons récentes de l’histoire économique : ce n’est pas au moment où un pays est en difficulté qu’il faut lui appliquer des mesures d’austérité budgétaire qui ne vont faire qu’empirer les choses. Mais on peut aussi considérer qu’il doit tenir compte des spéculateurs qui attaqueraient violemment si les mesures qu’ils estiment justifiées ne sont pas prises. C’est un cercle vicieux qui ne peut être brisé qu’en mettant fin, notamment, à la circulation sans entrave des capitaux.

Une autre hypothèse plausible et compatible avec ce qui précède,  est de considérer que l’actuel gouverneur de la Banque Centrale est de la race des Pascal Lamy. Il est convaincu d’être un bienfaiteur de l’humanité malgré elle. C’est un dogmatique persuadé de détenir la vérité qu’il défendra envers et contre tout. Il ferait un malheur en Corée du Nord.

Qu’elle que soit l’hypothèse retenue, Jean-Claude Trichet concentre dans ses mains un redoutable pouvoir. C’est bien là le drame du système économique tel qu’il fonctionne de donner tant  d’influence à la parole (ce qu’il dit, mais aussi ce qu’il ne dit pas) et aux décisions d’un seul homme. On me rétorquera qu’il n’est pas seul et qu’il est dépendant d’une structure en place et des hommes qui la composent et qui ont leur mot à dire dans les décisions prises. Cela est vrai, mais il n’en reste pas moins que c’est lui le chef et qu’à ce titre, il doit rendre des comptes au nom de son organisation. Et s’il s’avérait au-delà du doute raisonnable, que les buts poursuivis sont effectivement de défendre les intérêts du monde de la finance, il faudrait alors envisager de remonter la guillotine remédier rapidement à  ce qui constituerait un énorme scandale.

Rendez-vous donc sur Horizons pour faire avancer le débat au travers de vos commentaires.