Il y a encore de l’espoir …
Par RST le samedi, 8 octobre 2011, 06:18 - Macroéconomie - Lien permanent
C’est ce que je me suis dit en quittant mes jeunes interlocuteurs, ce 29 septembre au soir, alors que se terminaient les discussions impromptues en marge de la conférence organisée par Centrale Nantes Finance sur le thème des dettes souveraines. Pourtant, les choses n’avaient pas bien commencé et j’avais même envisagé, l’espace d’un instant, de m’éclipser rapidement et lâchement de l’auditorium de Citi où avait lieu, devant une quarantaine de personnes jeunes pour la plupart, l’exposé de Frédéric Giovansili, Managing Director chez Citigroup, responsable des activités Fixed Income et Structurés Action pour la France, la Belgique et le Luxembourg.
Avant que ne commence la
conférence, j’eu tout d’abord un échange avec un jeune cadre visiblement
dynamique, ancien de chez JP Morgan, me demandant si j’étais là … pour obtenir
des conseils boursiers. Quand je lui ai expliqué qu’en fait je voulais tout
foutre en l’air comprendre le rôle exact de la finance et du système
monétaire dans la crise actuelle, je l’ai senti soudain beaucoup moins désireux
de faire ami-ami et la discussion a rapidement tourné court. Ma croisade contre
la finance ne démarrait donc pas par un franc succès. Et ce n’est pas la
lecture rapide des documents utilisés en support à l’exposé à venir qui pouvait
me laisser entrevoir une conversion massive de l’assistance à mes idées
subversives. On y trouvait en effet nombre des raccourcis et clichés usuels
utilisés par les obsédés compulsifs du déficit et de l’Etat-responsable-de-tous-nos-maux.
Reconnaissons aux organisateurs de l’événement et à F.Giovansili l’immense mérite d’avoir permis le débat dans un esprit ouvert et constructif. J’ai ainsi pu prendre la parole à plusieurs reprises et apporter la contradiction avec un certain nombre d’arguments qui, à défaut d’avoir convaincu, ont néanmoins été pris en compte. C’est ainsi que l’orateur, après avoir lourdement insisté sur le déficit de la sécurité sociale, a bien voulu reconnaitre qu’effectivement, avant la crise, le budget de l’Etat aurait été à l’équilibre si nous n’avions pas eu à rembourser les intérêts de cette fameuse dette. J’ai aussi obtenu qu’il reconnaisse du bout des lèvres que la monétisation pouvait être, au moins théoriquement, l’un des scénarios de sortie de crise même si les traités interdisaient une telle solution. Mes interventions ont eu un effet un peu inattendu : après avoir expliqué que la France se distinguait par un taux de prélèvements obligatoires plus élevés que la moyenne européenne, le conférencier s’est empressé de nuancer de lui-même en soulignant que cela n’avait pas nécessairement de signification puisqu’il fallait intégrer à une comparaison éventuelle, les différences de systèmes sociaux. Je me suis dis alors qu’il avait préféré prendre les devants avant que je ne fasse moi-même la réflexion.
Mais ma plus grande satisfaction, au-delà du simple fait d’avoir réussi à ne pas être ridicule face à un professionnel de la finance, vint de ces deux jeunes diplômés qui sont venus me voir à la fin de la séance pour me dire qu’ils étaient d’accord avec moi. La discussion s’est alors engagée et j’ai pu constater que nos grandes écoles ne formaient pas que des futurs traders mais aussi visiblement des citoyens soucieux du bien commun et conscient que le fonctionnement du système monétaire actuel était tout sauf satisfaisant. J’ai aussi pu constater que les banquiers, faut-il le rappeler, ne savent pas toujours ce qu’ils font, certains spécialistes de la finance ne voulant se résoudre à admettre que les banques sont à l’origine de la création monétaire selon l’adage bien connu : « les crédits font les dépôts »
J’ai suggéré un thème aux organisateurs pour une prochaine conférence : la création monétaire. J’ai peur que le sujet ne soit pas assez consensuel et que, malgré leur ouverture d’esprit, ils ne se risquent pas à déclencher la polémique.