Disons-le sans fioritures : je ne prends pas du tout au sérieux François Bourguignon. Dans un article étonnant publié dans le Marianne d’août n°799 (voir annexe), il semble juste découvrir que « Dans l’économie, il y a de l’humain, du politique, de la psychologie » et que « L’ensemble ne débouche pas souvent sur la rationalité ». Ce constat élémentaire, qui parait trivial tellement il est évident, ne l’empêche cependant pas de se réjouir du fait que, selon lui, « La science économique est allée très loin dans l’étude des comportements des agents » qui sont analysés « au travers de modèles bâtis sur des hypothèses de rationalité » – cette même rationalité sur laquelle, je rappelle, « on ne débouche pas souvent » selon les propres mots de Bourguignon ! – ou que « au niveau macroéconomique, on sait beaucoup de choses ». Beaucoup de choses qui, hélas, ne servent à rien comme il reconnait lui-même avec une candeur stupéfiante en admettant que rien de tout cela ne fonctionne en cas de crise. Sa découverte du rôle de la psychologie dans l’économie l’amène à conclure qu’il faut continuer à chercher ! Cela me parait une excellente idée et je propose qu’il montre lui-même l’exemple en se mettant sans tarder à chercher… un autre boulot pour laisser sa place à des gens sérieux!

Le cas de Valentijn van Nieuwenhuijzen est sensiblement différent. Dans un article publié sur La Tribune.fr,(Voir Annexe) il s’inscrit en faux contre l’idée largement répandue que la hausse de l'endettement des États souverains serait à l'origine de la crise actuelle de l'euro. Il explique que c’est en fait  « la combinaison du choc de la grande crise financière, de la récession mondiale qui a suivi et des déséquilibres au sein de l'économie de la zone euro ayant entraîné une nette détérioration des finances publiques après 2008 qui est à l'origine de la crise. » Et plus loin : « Il apparaît ainsi que le monde développé n'est pas tant confronté à une crise de la dette souveraine, mais plutôt à un processus de désendettement agressif du secteur privé qui pèse sur la demande finale et aggrave par conséquent les déficits budgétaires en raison d'une dynamique de croissance négative. Le qualificatif "souverain" semble dès lors injustifié pour désigner la crise. Il est en réalité source de confusion. En suggérant que les gouvernements sont les seuls responsables de la crise, la recherche de solutions se concentre sur une seule direction et la probabilité de trouver la bonne approche pour résoudre le problème s'en voit diminuée. L'austérité n'est pas parvenue à guérir la crise depuis plus de deux ans mais les politiques ne semblent toujours pas prêts à envisager d'autres traitements. Le bon remède ne sera probablement pas trouvé avant que nous nous ne soyons débarrassés du "spectre de la dette souveraine". On ignore toutefois combien d'épargnants devront payer les gouvernements empruntant leur argent pour que le message passe. Pourtant, si j'étais roi et si quelqu'un me payait pour que je lui emprunte de l'argent, je n'hésiterais pas un instant à investir dans un avenir plus brillant pour mon royaume et ses citoyens. Espérons que les monarques de la politique européenne prendront bientôt conscience qu'il existe d'autres options s'ils font preuve d'ouverture d'esprit. »

Très franchement, je ne suis pas sûr de comprendre où veut réellement en venir V. van Nieuwenhuijzen et à quelles autres options il pense exactement, mais le fait qu’un responsable financier comme le directeur de la stratégie d'ING Investment Management reconnaisse que l’austérité n’est pas la solution et recommande à l’Etat d’investir quitte à s’endetter, me parait plutôt encourageant. Certainement plus que le Directeur de l’Ecole d’Economie de Paris réalisant soudainement que l’économie est affaire de psychologie !