Remettre en cause la pertinence du PIB, c’est un peu comme critiquer les économistes, ça finit par devenir lassant même si cela reste nécessaire. Surtout que Sapir propose de nouveaux éléments à verser au dossier d’accusation dont la pertinence m’avait jusqu’alors échappé et qu’il me parait bon de souligner. A travers la boutade de la femme de ménage, ce que dénonce l’économiste c’est l’illusion produite par les statistiques qui consiste à prendre systématiquement la hausse du PIB pour une mesure de la croissance de la richesse. Or, ce n’est pas toujours le cas. A partir du fameux exemple de la laine d’Angleterre et du vin de Porto du Portugal utilisé par David Ricardo pour sa démonstration des avantages comparatifs, Sapir nous montre, résultat qui est tout sauf intuitif,  "qu’une marchandisation d’une économie qui possédait initialement un secteur non marchand se traduit toujours par une hausse du PIB même quand la richesse réelle du pays diminue" Ainsi "la hausse du PIB mondial mesurée entre les années 1970 et la fin des années 1990, parce qu’elle s’est déroulée sur une période marquée par une très forte marchandisation des activités, incorpore nécessairement une part non négligeable d’artefact statistique en raison des conventions comptables qui sont utilisées pour déterminer le PIB et le PNB." 

Il est donc erroné de prétendre que libre-échange et globalisation seraient à l’origine d’une forte croissance puisque une partie non négligeable de cette même croissance n’est en fait due qu’à des manipulations comptables.