Je commencerai par évacuer rapidement l’aspect le plus désagréable du texte. Si Harribey ne fait pas dans l’outrance comme le sinistre Beitone dont les textes se lisent en se pinçant le nez, il ne peut néanmoins s’empêcher de donner lui aussi dans la tentative de discrédit. Ceux qui ne pensent pas comme lui sont  décrits comme  une "fraction des réseaux alternatifs" qu’il accuse de "diffuser  en leur sein un pseudo-savoir" en profitant du "désarroi et de l’exaspération des opinions publiques à l’égard des pratiques bancaires". Harribey s’abaisse même à décrire Christian Gomez et André-Jacques Holbecq comme des "économistes peu connus dans le monde académique". Compte tenu du niveau lamentable du "monde académique" actuel, cela pourrait presque passer pour un compliment si ce n’était pas totalement ridicule, et pas seulement parce que l’un au moins des individus cités n’est  tout simplement pas économiste et le revendique !  Tout cela était-il vraiment nécessaire, Monsieur Harribey ? La force de vos arguments ne suffisait donc pas ?
C’est effectivement une hypothèse possible tant il est difficile de voir où veut en venir l’ancien co-président d'Attac. D’une certaine manière, il le reconnait lui-même qui écrit au bout de  10 pages d’un document qui en comporte 15 : « Mais alors pourquoi contester et refuser la solution allaisienne du 100 % monnaie ? " Mais c’est bien là toute la question ! Et sa réponse ne nous éclaire pas vraiment : "Parce qu’elle constitue un grand écart intenable entre une monnaie étatique et une économie abandonnée au marché et à la concurrence individuelle." Et plus loin : "La monnaie ne peut pas être comprise si elle est réduite à son aspect purement économique. Elle n’existe pas non plus seulement dans un cadre capitaliste. Elle est une institution sociale qui dépasse ce cadre." Cet argument de la monnaie comme un "fait social" est répété à satiété par certains, donnant l’impression de vouloir dissimuler leur incapacité à argumenter derrière un jargon pseudo scientifique. Personnellement, je suis    convaincu, pour peu que j’en ai compris la signification profonde, que la monnaie est un "fait social" en ce qu’elle est un bien public, qu’elle régit les rapports entre les hommes en faisant intervenir un sentiment très particulier : la confiance. Mais en quoi cela   remet-il  en cause le 100 % monnaie, je ne vois pas ! Ce que je vois mieux par contre, c’est une possible incompréhension des hypothèses de travail de ses partisans. Contrairement à ce que semble penser  Harribey, je ne crois pas  que quelqu’un comme Gabriel Galand, qui défend ce qu’il appelle une monnaie à garantie totale, parte  "d’une conception d’un marché des fonds prêtables" dont il ne serait "pas sorti".  En vérité, la confusion d’Harribey semble totale puisqu’il va jusqu’à prétendre que, sur ce sujet Galand, aurait le même point de vue que … Paul Jorion.  Notre Economiste Atterré n’a visiblement pas compris les différences théoriques fondamentales entre le webmaster de Chômage et Monnaie et l’anthropologue belge qui nie le phénomène de création monétaire par les banques commerciales. De fait, pour Jorion, le 100% monnaie est déjà en place, c’est le système actuel !

Je ne m’aventurerai pas plus en avant dans l’analyse des propos d’Harribey faute de maitriser toutes les données du problème et notamment les contraintes du 100 % monnaie. Ce que je constate c’est que si les Economistes Atterrés veulent entamer un dialogue constructif, il ne faut pas qu’ils se trompent d’ennemi, qu’ils arrêtent de caricaturer les propos de ceux qui poursuivent le même but qu’eux mais par des moyens différents et qu’ils fassent l’effort de comprendre les thèses en présence.  Mais le veulent-ils vraiment?