De Gaulle n’avait qu’un ennemi : l’argent
Par RST le samedi, 20 novembre 2010, 17:51 - Notes de lecture - Lien permanent
C’est un livre très intéressant que celui de Marc Ferro intitulé « De Gaulle expliqué aujourd’hui ». Il a le mérite de proposer une vision globale de ce que furent le Général de Gaulle et son action. Si l’on voulait trouver quelque chose à redire, on se contentera de regretter que la volonté louable de l’auteur de présenter de façon résumée les principaux faits marquants, l’entraine, à une ou deux reprises, à un certain manque de clarté dans le propos comme par exemple le passage consacré à la fin de la guerre d’Indochine qui peut laisser penser aux lecteurs les moins avertis que Mendès France a mis un terme à la guerre … d’Algérie. Mais cela ne constitue pas un défaut rédhibitoire et l’ouvrage vaut la peine d’être lu. Les aficionados du Général se retrouveront en territoire familier et apprécieront l’éclairage nouveau que propose l’auteur et ceux qui le découvrent devraient trouver leur compte grâce au style direct et précis de Ferro qui ne s’embarrasse pas de fioritures pour présenter les événements majeurs et l’interprétation que l’on peut leur donner aujourd’hui.
Au-delà de l’appréciable exercice de révision de l’épopée Gaulliste j’ai pris conscience d’un fait qui m’avait échappé, à savoir le rôle qu’a eu la France libre dans l’après guerre où elle "a constitué une vraie pépinière d’élites conquérantes", nombre de ses membres – qui n’étaient pas tous nécessairement gaullistes – ayant exercé des responsabilités dans la haute fonction publique.
Je laisse le mot de la fin à Marc Ferro qui écrit, en conclusion de son livre :
"Homme politique intègre – et comme il en est peu –, de Gaulle disait volontiers qu’il n’avait qu’un ennemi, l’argent. Et de fait, c’est lorsqu’il en a menacé les gestionnaires, en parlant de participation, que la coalition de ses défenseurs l’a abattu. Pouvait-il imaginer que, décennie après décennie, une fois qu’il serait parti, au nom de la rentabilité, on détruirait peu à peu les travaux et les jours de cette République dont, au nom de l’Etat, il avait voulu être le meilleur défenseur ?"