Démondialisation : une définition très simple.
Par RST le samedi, 30 juillet 2011, 17:31 - Citation - Lien permanent
C’est dans Le MONDE diplomatique
d’août qu’on la trouve, sous la plume de Frédéric Lordon. C’est en fait la
conclusion d’un long article intitulé « La
démondialisation et ses ennemis » que je vous encourage vivement à lire
dans son intégralité, ne serait-ce que pour savourer les quelques piques
acérées qu’il lance pour rappeler à certains leurs contradictions, leurs
retournements de vestes ou leurs glorifications béates de la mondialisation.
Comme d’habitude avec Lordon
c’est précis, limpide et bien écrit.
(…) l’on pourrait aussi (…) ramener la controverse de la démondialisation à une question d’identification conventionnelle finalement très simple, sous la lumière crue de la conjoncture présente. La concurrence non faussée entre économies à standards salariaux abyssalement différents ; la menace permanente de délocalisation ; la contrainte actionnariale exigeant des rentabilités financières sans limites, telles que leur combinaison opère une compression constante des revenus salariaux ; le développement de l’endettement chronique des ménages qui s’ensuit ; l’absolue licence de la finance de déployer ses opérations spéculatives déstabilisatrices, le cas échéant à partir des dettes portées par les ménages (comme dans le cas des subprime) ; la prise en otage des pouvoirs publics sommés de venir au secours des institutions financières déconfites par les crises récurrentes ; le portage du coût macroéconomique de ces crises par les chômeurs, de leur coût pour les finances publiques par le contribuable, les usagers, les fonctionnaires et les pensionnés ; la dépossession des citoyens de toute emprise sur la politique économique, désormais réglée d’après les seuls desiderata des créanciers internationaux et quoi qu’il en coûte aux corps sociaux ; la remise de la politique monétaire à une institution indépendante hors de tout contrôle politique : c’est tout cela qu’on pourrait, par une convention de langage peu exigeante, décider de nommer mondialisation.
D’où suit, toujours aussi simplement, que se dire favorable à la démondialisation n’est alors, génériquement, pas autre chose que déclarer ne plus vouloir de ça !