Elle est d’autant plus insupportable que Ziegler nous dit  que la terre pourrait nourrir sans aucun problème 12 milliards d’habitants, soit le double de la population actuelle ! Le film nous montre les raisons de ce désastre, du principalement à "la stratégie meurtrière des hiérarchies des multinationales" consistant à maximiser les profits.

On y voit comment les pays occidentaux subventionnent leurs agricultures à coup de milliards, rendant les produits locaux à Dakar, plus chers que les produits importés d’Europe. Les paysans africains n’ont alors plus d’autre possibilité que d’émigrer chez nous pour fournir la main d’œuvre à bon marché qui sera exploitée, par exemple, dans les gigantesques serres d’Almeria, en Espagne, où l’on cultive industriellement les tomates sur des milliers d’hectares. 

On y voit aussi le directeur de la production de Pioneer (premier producteur de semences au monde) en Roumanie expliquer à son interlocuteur Roumain qu’ "on avait déjà foutu en l’air l’Europe de l’Ouest et maintenant, on va détruire toute votre  agriculture». Pioneer, dont le slogan "We feed the world" a été repris en titre du film.

On y voit encore comment, au Brésil, "le cheptel européen mais aussi celui des autres pays qui consomment du soja dévorent la forêt tropicale amazonienne" affamant la population locale.

Enfin, on y voit Peter Brabeck, le sémillant Président de Nestlé de l’époque, nous expliquer que l'eau est une denrée comme les autres, qu'elle a une valeur marchande et qu'il faut la privatiser : " les ONG ont un avis extrême quant au problème de l’accès à l’eau. Ils souhaitent (…) que tout le monde puisse avoir accès à l’eau. Mon point de vue n’est pas celui-ci, il faut que l’eau soit considérée comme une denrée, et comme toute denrée alimentaire, qu’elle ait une valeur, un coût". Selon lui, c’est uniquement parce que nous prendrons conscience que l’eau a un coût que nous mettrons en place les mesures adaptées pour les franges de la population qui n’ont pas accès à cette eau.

La logique marchande poussée à son extrême…

Un, deux, trois, quatre, cinq, …