Ainsi, à la question, faut-il conclure que l'Etat est un dépensier incorrigible, Jeanneau répond par la négative, chiffres à l’appui :

Non, car contrairement aux idées reçues, ce n'est pas l'explosion des dépenses publiques qui grève son budget: leur poids dans le PIB est resté relativement stable depuis vingt-cinq ans (de 52% en 1985 à 53% en 2008). C'est surtout du côté des recettes que le bât blesse: au-delà de la faiblesse de la croissance, les politiques de réduction d'impôts mises en œuvre depuis dix ans ont en effet contribué à accroître le poids de la dette. Ce qu'indiquaient Paul Champsaur, président de l'Autorité de la statistique publique, et Jean-Philippe Cotis, directeur général de l'Insee, dans un récent rapport: "En l'absence de baisses de prélèvements, la dette publique serait environ 20 points de PIB plus faible aujourd'hui qu'elle ne l'est en réalité."
Le député UMP Gilles Carrez, dans un autre rapport, est encore plus précis: selon lui, l'Etat aurait perdu entre 101 et 119 milliards d'euros de recettes fiscales annuelles entre 2000 et 2009. Si ce manque à gagner avait été compensé (par des économies ou par la hausse d'autres impôts), le déficit et la dette publique seraient respectivement à 3,7% et 54,6% du PIB en 2009!

Et quant à l’argument qui prétend qu'il est nécessaire de réduire le niveau de la dette au nom du fardeau qu'on léguerait sinon aux générations futures, Jeanneau démontre que l’on se trompe largement car :   

En réalité, ce sont les contribuables d'aujourd'hui, et non leurs petits-enfants, qui payent chaque année les intérêts de cette dette. Et ceux qui reçoivent ces versements sont en partie les bénéficiaires des baisses d'impôts qui ont contribué à creuser les déficits et poussé les administrations publiques à s'endetter. Les ménages aisés gagnent sur les deux tableaux: les économies réalisées sur leur feuille d'impôt leur permettent de s'enrichir en investissant dans des titres de la dette publique. De ce point de vue, la dette est donc un mécanisme de redistribution à l'envers, des ménages modestes, qui paient beaucoup d'impôts, notamment indirects, vers les riches, qui reçoivent ces intérêts. Ce transfert de richesses, difficilement justifiable, est une des principales raisons pour lesquelles il faut réduire l'endettement public.