Tout d’abord, il est nécessaire de nous mettre d’accord sur l’acception du concept. Car il y a anti … "Sarkozysme-primaire" (cas 1)  et "anti-Sarkozysme"… primaire (cas 2).  Parmi les nombreuses définitions proposées par le premier dictionnaire venu, nous retiendrons celle du Petit Larousse illustré édition 1998, qui dit, en substance, que primaire signifie "simpliste, un peu borné". Dans le premier cas mentionné ci-dessus, on suppose donc qu’il y aurait deux sortes de Sarkozysme, l’un primaire et donc simpliste et un peu borné, et l’autre … qui ne le serait pas. J’avoue ne pas bien voir ce qu’il pourrait être, en dehors de primaire – on est d’ailleurs pas loin du pléonasme – et propose donc de laisser tomber le cas 1 (ce qui revient à considérer que Sarkozysme-primaire = Sarkozysme) pour  me concentrer sur le deuxième cas identifié plus haut et que nous désignerons par ASP dans le reste du texte pour nous simplifier la vie (la mienne surtout). A ne pas confondre bien entendu avec l’Association Sportive du Poitou.

Un adepte de l’ASP est donc à la fois anti-Sarkozyste, mais aussi primaire. Et bien cela me convient parfaitement car cela revient de fait à s’adapter à l’adversaire, à  utiliser les mêmes armes que lui. C’est une stratégie qui me parait tout à fait adaptée dans de telles circonstances. Car que sont-elles ces circonstances ? Et bien elles sont que, à la base, le Sarkozysme est une attitude primaire c'est-à-dire, comme nous l’avons vu plus haut une attitude simpliste et un peu bornée. Un peu beaucoup même quand on s’attarde sur certains personnages de premier plan de la Sarkozie comme les Lefebvre, Balkany, Morano et consorts. 

On peut donner une autre justification en filant la métaphore militaire et en soulignant que l’ASP est à la politique, ce que les campagnes de bombardement aérien sont à la guerre moderne – celle dite de défense de la démocratie – qui précèdent la libération de ce qui reste des populations et des territoires que l’on libère. Cela fait le gros du travail sans trop de perte – du côté des libérateurs, s’entend – et permet ensuite, s’il reste des choses à traiter, d’utiliser des méthodes plus appropriées à ces cas particuliers. Car bien entendu, si l’ASP – comme les bombardements aériens – est nécessaire, il n’est pas toujours suffisant. Une fois épuisées les ressources de cette stratégie, il convient d’embrayer ensuite sur du plus subtil – pas trop quand même – afin, non pas de convaincre l’adversaire qui n’est souvent pas en capacité de comprendre autre chose que la parole officielle, mais d’entrainer l’adhésion de l’hésitant, de l’indécis, du pas convaincu.

Enfin, l’ASP a des vertus thérapeutiques non négligeables : il permet aux individus frustrés et meurtris pas l’action (on  n’ose pas dire la politique) de l’omni Président de se défouler, de faire baisser la pression et d’éviter ainsi la crise de nerfs ou la grosse colère. L’ASP devrait être remboursé par la sécu !

Mais, et j’ai gardé le meilleur pour la fin, la vraie raison d’être de l’ASP, c’est ce bon Xavier Bertrand qui nous la donne – en grondant (!) nous dit Le Parisien du 28 juillet – à propos des socialistes : "La seule chose sur laquelle ils sont d’accord c’est l’antisarkozysme primaire. Ca ne fait pas un projet". Certes ! Mais ça rassemble, et par les temps qui courent, ce n’est pas négligeable pour les socialistes.

Et pour ceux qui ne seraient malgré tout pas convaincus de la nécessité – sinon des vertus – de  l’ASP, je demande : n’a-t-on jamais parlé d’anti Mitterrandisme ou d’anti Chiraquisme primaires ? Non. L’ASP est donc bien une réponse particulière à un phénomène particulier à savoir notre président actuel, un individu aux réactions immédiates  et impulsives, c'est-à-dire, selon le dictionnaire un primaire. 

Convaincus maintenant ? Non ?  Et bien cassez-vous pauvres cons !