Pour le reste, rien de bien nouveau sous le soleil – noir – de la crise. Il y a ceux (qui n’étaient pas à la tribune) pour lesquels elle est derrière nous et ceux, à l’instar des orateurs présents, pour qui nous n’avons encore rien vu. Le consensus s’est fait pour mettre en avant que cette crise n’est pas seulement financière mais qu’elle est multiple : écologique, sociale, politique… J’ai entendu des propos que n’aurait pas reniés Frédéric Lordon comme par exemple lorsqu’une réforme des structures a été réclamée (Jean Christophe Le Duigou a parlé de transformations structurelles) ou lorsque le problème de la démocratie dans les entreprises a été soulevé (toujours par le même Le Duigou). J’ai apprécié l’analyse de Jean-Baptiste de Foucauld reprochant à notre société d’être devenue une machine désirante qui fabrique plus de désirs qu’elle ne peut en assouvir. On est alors inévitablement amené à penser, même si le sujet n’a pas été évoqué,  à cette calamité que constitue la publicité et aux dégâts qu’elle engendre par la création artificielle de besoins nouveaux. Nous ne pourrons faire l’économie de la sobriété nous avertit de Foucauld qui regrette que la question de la justice (comprendre la lutte contre les inégalités) soit (mal) résolue par la production plutôt que par le partage. J’ai été moins réceptif à son appel à un changement des comportements personnels tant cela me parait pouvoir constituer une habile diversion de la part de la minorité d’individus responsables de la situation et qui seront ravis de partager à si bon compte cette responsabilité avec nous.

L’inévitable question des débouchés politiques s’est une nouvelle fois posée sans qu’aucun début de commencement de réponse ne soit apporté. Est-ce parce que, comme l’a remarqué Jean-Baptiste de Foucauld, la société civile est un peu amorphe ? Un intervenant dans la salle s’est interrogé de savoir si cela ne serait pas du au fait que nous sommes trop riches ? Je n’ai pas bien compris le commentaire sur l’instant mais j’ai réalisé ensuite que la question posée était en fait celle de savoir à quel moment serons nous prêts (ou contraints ?) à abandonner notre petit confort pour remettre en cause le système en place ?

En définitive, le débat fut intéressant même si, paradoxalement, l’intervenant qui m’a le moins  intéressé fut André Orlean dont la réputation n’est plus à faire (il a notamment publié avec M.Aglietta un ouvrage sur la monnaie qui fait référence et qu’à mon grand désespoir, je n’arrive pas à trouver) et qu’on peut supposer plus à l’aise à l’écrit qu’à l’oral.