Quand la décroissance crée de la … croissance
Par RST le samedi, 21 novembre 2009, 09:59 - Macroéconomie - Lien permanent
Entendu, de la bouche d’Alain Liepietz, lors du débat sur la crise organisé par l’Association des lecteurs d’Alternatives Economiques, le 17 Novembre dernier : « La décroissance de l’empreinte écologique demande une croissance énorme de l’activité ». C’est les "décroissants" qui vont être contents ! Le même Alain Liepietz a aussi dit quelque chose comme : « Il faut revoir le fonctionnement du crédit et faire en sorte que la Banque Centrale émette des prêts à taux nul pour financer la croissance verte et à 15 % pour la spéculation ». Il gagne visiblement à être connu ce monsieur.
Pour le reste, rien de bien
nouveau sous le soleil – noir – de la crise. Il y a ceux (qui n’étaient pas à la
tribune) pour lesquels elle est derrière nous et ceux, à l’instar des orateurs
présents, pour qui nous n’avons encore rien vu. Le consensus s’est fait pour
mettre en avant que cette crise n’est pas seulement financière mais qu’elle est
multiple : écologique, sociale, politique… J’ai entendu des propos que
n’aurait pas reniés Frédéric Lordon comme par exemple lorsqu’une réforme des
structures a été réclamée (Jean Christophe Le Duigou a parlé de transformations
structurelles) ou lorsque le problème de la démocratie dans les entreprises a
été soulevé (toujours par le même Le Duigou). J’ai apprécié l’analyse de
Jean-Baptiste de Foucauld reprochant à notre société d’être devenue une machine
désirante qui fabrique plus de désirs qu’elle ne peut en assouvir. On est alors
inévitablement amené à penser, même si le sujet n’a pas été évoqué, à cette calamité que constitue la publicité
et aux dégâts qu’elle engendre par la création artificielle de besoins nouveaux.
Nous ne pourrons faire l’économie de la sobriété nous avertit de Foucauld qui
regrette que la question de la justice (comprendre la lutte contre les
inégalités) soit (mal) résolue par la production plutôt que par le partage.
J’ai été moins réceptif à son appel à un changement des comportements
personnels tant cela me parait pouvoir constituer une habile diversion de la
part de la minorité d’individus responsables de la situation et qui seront
ravis de partager à si bon compte cette responsabilité avec nous.
L’inévitable question des
débouchés politiques s’est une nouvelle fois posée sans qu’aucun début de
commencement de réponse ne soit apporté. Est-ce parce que, comme l’a remarqué
Jean-Baptiste de Foucauld, la société civile est un peu amorphe ? Un
intervenant dans la salle s’est interrogé de savoir si cela ne serait pas du au
fait que nous sommes trop riches ? Je n’ai pas bien compris le commentaire
sur l’instant mais j’ai réalisé ensuite que la question posée était en fait
celle de savoir à quel moment serons nous prêts (ou contraints ?) à
abandonner notre petit confort pour remettre en cause le système en
place ?