Je crois que je vais me faire un banquier !!!
Par RST le mardi, 31 mars 2009, 19:35 - Polémique - Lien permanent
Et il y a de fortes chances pour que ce soit Georges Pauget, directeur général de Crédit agricole SA. Non pas parce qu’il a vraiment une sale tronche, comme on peut le constater sur la photo illustrant l’interview qu’il a donné au journal Le Parisien du 30 mars dernier. Comme le dit ma Maman, ce n’est pas bien de se moquer des gens à cause de leur physique. Peut-être n’est-il pas photogénique, tout simplement. D’ailleurs moi-même, je n’ai pas vraiment été gâté par la nature. Cela explique surement en partie l’agressivité et l’aigreur qui transparaissent dans ce billet. Ha, si j’avais été Brad Pitt ! Mais bon, je m’égare (de Lyon). Revenons à nos moutons (et à ceux qui les tondent). Si je décide de me payer G.Pauget, ce sera uniquement parce que ce triste sire nous provoque, qu’il cherche la bagarre.
Afin d’éviter toute ambigüité (et
accessoirement, les désagréments d’une éventuelle garde à vue, et plus, si
affinités) je tiens à préciser de façon la plus nette qui soit, que tout ceci
est bien évidemment imagé. Loin de moi l’intention de m’en prendre à
l’intégrité physique de quiconque, pas plus à celle d’un banquier rapace et
sans scrupules, qu’à celle du plus fieffé salopard que la terre ait jamais porté
(genre G.W.Bush Ben Laden), en supposant que le dit salopard me soit
livré tout ficelé et sans défense (je suis très lâche). J’insiste, afin de ne
laisser planer aucun doute : à aucun moment n’ai-je envisagé, par exemple,
d’enlever puis de faire bastonner Monsieur G.Pauget sur la place publique, pas
plus que je n’ai, un instant, rêvé de le faire enduire de goudron et de plume
pour lui apprendre à vivre. Pour définitivement clarifier ma pensée, je vais
être d’une honnêteté totale en avouant que le seul supplice qui m’est venu à
l’esprit serait d’obliger le directeur général de Crédit agricole SA à
apprendre par cœur le dernier texte de F.Lordon
intitulé Bonus et primes : le
(résistible) chantage des « compétents » , texte dont nous allons avoir
l’occasion de reparler. En définitive, quand je dis que je vais me le faire,
cela signifie simplement que je vais écrire tout le mal que je pense de lui à
l’aide de ma plume vengeresse (ou plutôt de mon clavier poussiéreux). Ce n’est
que ça, rien que ça,… hélas !
Car enfin, de quoi s’agit-il ? Qu’a bien donc pu faire notre banquier (au-delà de toutes les turpitudes de cette engeance qui nous ont été révélées ces derniers mois) pour susciter cette bouffée de colère et d’indignation qui m’a fait devenir tout rouge et a suscité une grande inquiétude chez mes proches constatant que la langue que j’utilisais pour agoniser d’injures l’interviewé n’était visiblement connue de personne ? Et bien, il nous prend ouvertement pour des cons, pour des demeurés, pour des débiles. Et il ne le fait pas dans les Echos ou dans Valeurs Actuelles, non, il le fait dans Le Parisien, mon journal, mon quotidien à moi, celui que je lis tous les soirs, vautré dans mon fauteuil après une journée épuisante consacrée principalement à trouver les meilleures solutions pour participer le plus efficacement possible à la mondialisation néolibérale. (Quoi, qu’est ce qu’il y a ? Vos préféreriez que je vende des armes chez Natixis ?)
Dans l’entretien qu’il donne à mon journal, Monsieur le directeur général de Crédit agricole SA justifie tous simplement les rémunérations démesurées des dirigeants et nous fait du chantage à l’emploi. Au passage, il crache ostensiblement sur la France, pays où il y a, je cite "un rapport à l’argent différent de ce qui existe dans les pays anglo-saxons". Ben oui mon gars, en France nous sommes une majorité (silencieuse hélas) à penser que l’argent doit être équitablement réparti, qu’il n’est pas acceptable que certains se l’accaparent pendant que d’autres manquent de tout. Et ça, visiblement ça te pose un problème ! Et bien moi, ce sont les obscénités que tu débites en toute liberté (et qui pourraient tomber sous les yeux de mes filles innocentes et naïves) qui me posent un problème. Car comment il justifie tout ça, le monsieur, tous ces bonus gigantesques qui, nous dit-il, (en se fendant la gueule intérieurement, j’en suis sûr) ne sont que "le nom donné à la rémunération variable". Et bien ce n’est pas compliqué : le secteur financier est très internationalisé, soumis à la pression des "niveaux de rémunération pratiqués à l’étranger". Il faut "tenir compte des réalités qui sont très fines et très subtiles" (je vous jure que c’est véridique, je n’invente rien) pour ne pas créer d’insécurité chez les cadres et protéger les banques, ces belles entreprises qui créent tellement de valeur. Faute de quoi, tenez vous bien, on risque "d’empêcher l’économie de fonctionner"
Et là, je me calme, je reprends mon souffle, j’essaye d’oublier dans quel état est l’économie mondiale aujourd’hui, j’essaye de faire abstraction de qui, en réalité, empêche cette même économie de fonctionner, et je vous livre la conclusion à laquelle arrive notre gugusse : si jamais on le fait trop chier avec les salaires faramineux que lui et ses potes se partagent, il y aura des … délocalisations. C’est tellement facile, précise-t-il, d’aller s’installer à Londres !
Voila, vous savez tout. Vous comprenez pourquoi j’ai la rage même si ces quelques lignes ont fait légèrement baisser la pression. Ca sert aussi à ça un blog, à hurler sa frustration, faute de mieux. Mais bon, ce n’est quand même pas la grande forme. Je n’ai même plus envie de faire appel à F.Lordon et à son dernier texte cité plus haut pour démonter l’argumentation nauséabonde du sinistre et cynique patron du Crédit Agricole. A quoi bon ?
Je terminerai cependant sur une
citation du même Lordon tiré du texte mentionné. Elle n’a pas de rapport direct
avec mon papier mais elle résume bien le mécanisme qui permet à une minorité de
s’en mettre plein les poches, tout en faisant croire à la majorité que c’est
amplement mérité :
Nulle part il n’y a de maître-étalon objectif du mérite, qu’il soit moral ou « contributiviste », mais seulement des processus de pouvoir qui règlent des partages inégaux.