Pour décrire ce phénomène étrange de dénégation, je laisse la parole à un mystérieux Etienne, qui a écrit en introduction d’un long commentaire posté en octobre 2008 à la suite de l’article  "Tout notre débat sur la monnaie" ce qui suit:

« J’ai lu la plupart des articles de ce blog, et j’y vois surtout comment une montagne peut accoucher d’une souris : l’essentiel y réside dans l’obstination de M. Jorion à refuser l’idée d’une création “ex nihilo”  de monnaie par les banques commerciales, ce qui donne lieu à de multiples considérations hasardeuses sur la nature de la monnaie noyées au sein d’une multitude d’aspects techniques à propos de la « vitesse de circulation » de la monnaie, qui se couvrent étrangement chez certains blogueurs d’habits épistémologiques… Or le mécanisme de la création monétaire n’est pas un secret, il est enseigné dans tous les lycées, et quelques lectures ou quelques heures de cours d’économie de second degré auraient évité à M. Jorion de s’aventurer dans des raisonnements bien hasardeux… qui frisent parfois le pathétique. »

 

Et effectivement, dans le premier manuel de classe de première déniché à la bibliothèque municipale on peut lire ceci:  

« Qui a le pouvoir de créer de la monnaie ? A côté de la monnaie divisionnaire émise par le Trésor Public et de la monnaie fiduciaire émise par la Banque centrale, la monnaie scripturale est de loin la plus utilisée. L’essentiel de la création monétaire est donc essentiellement le fait des banques. Les banques créent de la monnaie scripturale à l’occasion  des crédits qu’elles accordent aux agents non financiers. » Manuel de Sciences économiques et sociales - Classe de première – Hatier – page 83

Et au cas où vous auriez encore des doutes, consultons donc des ouvrages plus pointus:

« Une banque crée de la monnaie lorsqu’elle acquiert des actifs non monétaires à des agents non financiers (l’octroi d’un crédit correspond à la naissance d’une créance supplémentaire sur le secteur non bancaire). La valeur de ces actifs réels ou financiers figure à l’actif de la banque et la valeur de la monnaie créée au passif. » Economie monétaire et financière (M.Montoussé) – Bréal – page 79

 « Ce pouvoir hors du commun de création monétaire rend l’activité bancaire incomparable avec tout autre type d’entreprise » Economie monétaire et financière – (M.Montoussé) - Bréal – page 53

 Les banques créent de la monnaie lorsqu’elles distribuent des crédits aux agents non financiers (ménages et entreprise), souscrivent à des émissions de titres (notamment de l’Etat), monétisent des devises ou achètent des actifs réels » Monnaie et financement de l’économie (C.Ottavj) – Hachette – page 59

« La création monétaire est le privilège des banques : celles-ci créent de la monnaie en monétisant leurs créances et en émettant des dettes qui ont la particularité d’être acceptées comme moyen de paiement. La plupart du temps, les créances bancaires correspondent à des crédits : il s’agit de la monnaie de crédit, créée ex-nihilo par les banques à l’occasion de leurs prêts » La monnaie et ses mécanismes (D.Plihon) – La Découverte – page 41

« La monnaie est offerte par les banques; elles créent de la monnaie par un simple jeu d’écritures, en portant de sommes au crédit des comptes des différents agents économiques. Elles procèdent à cette création monétaire pour répondre aux besoins de liquidité des agents non bancaires (administrations, ménages, entreprises) »  Economie politique – 1. Concepts de base et comptabilité nationale (J.Généreux) – Hachette – page 102

 « D’où vient l’argent ? De rien, du vide. Du pouvoir du créateur, le banquier »    Antimanuel d’économie (B.Maris) – Bréal – page 218

Convaincus ? Sauf à jouer sur les mots et les concepts, on a des difficultés à comprendre comment on peut rejeter ce qui apparaît comme un fait incontestable. Et si, suite à un phénomène de type hallucination collective, tous ces gens se trompaient, de grâce Monsieur Jorion, ne nous laissez pas dans l’erreur et démontrez-le nous ! Mais par pitié, ne multipliez pas les billets car vous ne faites qu’envelopper le sujet d’une complexité artificielle et ouvrez la porte, à chaque fois, à des délires plus ou moins philosphicos-métaphysiques de la part de commentateurs qui admettent (parfois) ne rien y connaître mais veulent cependant donner leur sentiment. Tout cela n’a bien entendu pas le moindre intérêt (est-ce que l’on demande aux gens leur "sentiment" sur le fonctionnement du cœur humain par exemple ?) et dessert la juste cause que l’on prétend servir (si j’ai bien compris), à savoir remettre l’Homme au centre du débat et la finance à sa place c’est à  dire à son service et non le contraire comme c’est le cas actuellement.

Divers intervenants ont bien essayé de dialoguer, d’expliquer leur compréhension des choses et d’obtenir des clarifications de la part de P.Jorion. Ils ont visiblement tous abandonné. Et pourtant, les propos d’un J.Jégu, d’un A.J. Holbecq, d’un P.Derudder, d’un Armand ou d’un J.Bayard (et j’en oublie) étaient tout à fait pertinents et permettaient à tous les lecteurs de progresser.  

Le deuxième volet du mystère Jorion tient à son attitude face à certains commentaires contenant des arguments qui n’ont pas l’heur de lui plaire. Dans ces cas là, P.Jorion pratique la censure, tout simplement ! Ceci constitue non seulement, une atteinte à la plus élémentaire liberté d’expression,  mais, plus grave, cela dénature le débat en supprimant d’autorité des arguments avec lesquels on peut ne pas être d’accord, mais qui cependant, méritent d’être pris en compte si l’on souhaite réellement avancer. Sans parler du peu de considération que cela démontre vis-à-vis des intervenants qui font l’effort de participer.

La censure peut se justifier en cas de débordements comme des insultes, de la diffamation ou un comportement de troll, elle n’est pas acceptable lorsqu’elle s’exerce de façon tout à fait arbitraire alors que l’on prétend organiser un débat contradictoire entre grandes personnes.

La monnaie semble être un mystère pour P.Jorion. En ce qui me concerne, c’est P.Jorion qui constitue un mystère.

RST