Le Parti Socialiste et les traitres
Par RST le lundi, 5 janvier 2009, 18:56 - Politique - Lien permanent
Il y a quelque chose de proprement fascinant dans la manière dont Eric Besson, ex-secrétaire national à l'économie du Parti Socialiste, et actuel secrétaire d’Etat chargé de la Prospective, de l’Evaluation des politiques publiques et du Développement de l’économie numérique, auprès du Premier ministre, assume sa trahison. Invité du dimanche du journal le Parisien du 4 janvier, il déclare se sentir très à l’aise au sein du gouvernement. L’homme n’a visiblement pas d’états d’âme et affirme ne pas renier ses 15 ans d’appartenance à un "parti de gauche", lui qui se prépare à rentrer dans l’état major de l’UMP. Il profite de l’interview du Parisien pour nous vendre sa soupe spéciale pensée zéro avec morceaux choisis sur, entre autres, la disparition du clivage droite-gauche et la nécessaire moralisation du capitalisme.
L’ensemble de l’interview est
affligeant mais l’apothéose est cette déclaration
qu’il fait à la fin: "L’économie,
c’est aussi de la psychologie". Quelle découverte ! Avec de
telles révélations, C.Lagaffe C.Lagarde a du souci à se
faire : son successeur est tout désigné ! Mais nous aussi, avons
du souci à nous faire si nous devons compter sur ce genre de gugus pour nous
sortir de la crise économique.
Quand on y réfléchit bien, on est en droit de se demander si E.Besson n’a pas rendu un fier service au PS, en retournant sa veste au beau milieu de la bataille, pour filer chez l’adversaire. "Un traître en nous quittant nous affaiblit bien moins qu'un lâche défenseur" nous dit Racine. Est-ce qu’on ne se trouve pas là au cœur du problème du Parti Socialiste, parti soi disant de gauche, affaibli depuis 30 ans par tous les "traitres" qu’il compte parmi ses dirigeants (les P.Lamy, D.Strauss-Khan, J.Delors, …) et qui eux, ne l’ont pas quitté. Il n’a jamais été réellement un parti d’opposition qui proposait autre chose. Il a été un parti qui s’opposait pour prendre le pouvoir et réaliser la même chose (et parfois plus radicalement) que la droite. J. Marseille l’a très bien expliqué dans un article publié par le mensuel Enjeux d’octobre dernier. Il démontre que deux faits majeurs, à savoir la diminution de la part des salaires dans le PIB et l’augmentation du rôle des marchés dans le financement de l’économie, ont eu lieu sous l’impulsion de gouvernements socialistes. Il écrit, je cite :
"L’argent, ici symbolisé par la part du capital dans la richesse créée et celle du marché libre dans le financement de l’économie, prend une forme de revanche sur une évolution antérieure qui l’avait rudement malmené. Le principal paradoxe est que cette révolution des marchés de l’argent, tentée en vain par tous les gouvernements de droite successifs, depuis les débuts de la Ve République, a été réalisée sous les auspices du gouvernement à majorité socialiste – avec participation de ministres communistes- formé au lendemain de la victoire électorale de François Mitterrand le 10 mai 1981 sur la base d’un Programme commun qui devait marquer la victoire des forces du travail sur celles du capital. Autrement dit, le passage d’une économie administrée à une économie des marchés financiers a été le produit d’une alternance politique à gauche "
L’histoire récente du PS est donc bien celle d’une longue et patiente trahison, Eric Besson n’étant qu’un des maitres de cet art ancestral.
Comme l’écrit Malakine sur Horizons, "la gauche d'aujourd'hui doit impérativement exercer son « devoir d'inventaire » et rompre enfin, définitivement et clairement avec la pensée et l'héritage de ses ainés". En gros, elle doit "fusiller" les traîtres … virtuellement, bien sûr !
RST