Bon, l’affaire est entendue, les banques ont décidé de se gaver. Où est le problème ? L’objectif d’une banque est bien de faire un maximum de profit, non ? Il n’ y a là pour moi, aucun motif d’indignation mais le fonctionnement normal de ce que les libéraux appellent l’économie de marché. La vraie, celle où règne la loi du plus fort et pas celle fantasmée de la concurrence libre et non faussée.

Par contre, le vrai scandale est dans le fait que la puissance publique, avant de se précipiter pour sauver les banques et nos chers (très chers !) banquiers, aurait du mettre des conditions, exiger un droit de regard, poser des contraintes et, bien évidemment,  prévoir (n’est-ce pas gouverner ?) les moyens de contrôle ad hoc. Ce sont des conditions élémentaires nécessaires, sinon suffisantes, pour s’assurer que le "jeu" des banques sera bien en adéquation avec l’intérêt général.

Et visiblement le problème n’est pas particulier à la France. Aux Etats-Unis aussi, les banquiers semblent n’en faire qu’à leur tête comme le signale boursorama.com : "Que devient l'argent du plan Paulson déjà distribué? Les banques qui ont reçu des milliards dans le cadre du plan de sauvetage du système financier aux Etats-Unis donnent des réponses pour le moins évasives sur l'utilisation de cette aide financée avec l'argent du contribuable, quand elles ne refusent pas tout simplement de répondre, montre une enquête de l'Associated Press." Le professeur de droit Elizabeth Warren, présidente de la commission parlementaire chargée de superviser le plan Paulson de déplorer : "Si les restrictions et la transparence appropriées avaient été mises en place dès le départ", nous ne serions pas dans cette situation"

Comment tout cela est-il possible ? Nos responsables politiques sont-ils donc tous plus inconscients, incompétents ou corrompus les uns que les autres ?
Comment peut-on espérer dans ces conditions que le système évolue, que les changements majeurs nécessaires à apporter au monde de la finance et au système bancaire, au-delà du sauvetage immédiat, soient mis en place ?

Les solutions ne manquent pourtant pas pour réformer le système financier (voir F.Lordon par exemple) et le secteur bancaire afin de "rendre le pouvoir de création monétaire, et la rente qui lui est attachée, aux seules autorités monétaires et, in fine, à l'Etat, qui retrouverait ainsi la plénitude de son pouvoir «régalien»" (C.Gomez). Non, décidément les solutions ne manquent pas, ce qui manque c’est la volonté politique et les hommes pour l’incarner, qui sauront faire passer l’intérêt collectif avant les intérêts particuliers d’une minorité.

L’Histoire a, par le passé, engendré de tels personnages. Nous attendons désespérément que le XXIème siècle fasse apparaître ceux qui mettront en œuvre le changement indispensable.

RST